dimanche 1 juillet 2012

La Mystérieuse Madame Je : Tout est Noir, M. Pretty Boy...


J’avais envie d’écrire. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai eu cette sensation que je devais le faire, que c’était primordial. Je me suis donc assise en indien sur mon lit, portable en main, et j’ai écrit. Je ne sais pas combien de temps avec mes écouteurs bien enfoncés dans mes oreilles pour ne pas entendre un seul mot à l’extérieur, ne voir que mon écran dans le noir, dans la mi obscurité, dans la lumière. Je ne voyais rien que mon écran, que mes mots… mais quels mots ? Je ne me souviens même plus ce que j’ai bien pu écrire, pendant tout ce temps, comme si je m’étais perdue, que j’avais écrit pendant je ne sais combien de temps et que, dans un moment lunatique, j’ai tout supprimé. Tout mis blanc sur blanc sans pouvoir changer la police. J’ai mis la taille des lettres si petite que je n’en vois que des poussières. Et maintenant mes doigts tremblotants, faibles, effrayés, tristes tapotent l’écran, incapable de tout simplement la frôler, la flatter avec amour désespéré puisque trop sous le choc. Des larmes coulent le long de mes joues rosies par l’émotion, coulent de mes yeux vides et froids, laissent de chaudes marques humides sur ma peau moite. Je sanglote en silence pendant un moment, ma peau si blanche sous un soleil si rayonnant éclate presque sous le contraste de ma robe cerise. Petit chaperon rouge qui se promène dans la forêt si noire, si sombre. Si noire et sombre. Avec ses ronces qui tentent de me déchirer, de détruire ma pauvre robe, lacérer mes yeux puisque j’ai vu, puisque j’ai su me tenir droite dans ma jolie robe de petit chaperon rouge. Maintenant, je suis nue, couverte d’écorchures, les mains devant mes yeux intacts et je sanglote.

« Shhh… Ne pleurs pas… »
Je sursaute alors que je sens quelqu’un derrière moi coller son corps au mien, m’enlacer de ses bras réconfortants et forts, mettre son visage dans le creux de mon cou alors que je sanglote toujours en silence, les mains devant mes yeux, les doigts quelques peu écartelés, de chaudes larmes coulant le long de mes joues, de ma mâchoire, de mon cou, contre ma poitrine, entre mes seins. Semble-t-il que je pleurais ainsi depuis un bon moment déjà.
« Quelle heure est-il ? »
La personne redresse la tête et fixe quelque chose juste devant nous. Mes mains retombent le long de mon corps qui devient soudainement très mou, très faible. Je me laisse bercer dans ses bras alors qu’il me bisoute la nuque, nous place confortablement. Je reste dans ses bras et fixe l’heure.
« Depuis quelle heure écris-tu ? »
Je savais ce que cette question voulait dire. Je n’écrivais pas vraiment, j’étais partie dans mon monde, dans un monde lointain, un monde de douleur, de vérité, de noirceur. Mon monde à moi duquel je suis incapable de me sauver, prise par cette folie passagère. C’est pour cette raison que je suis aussi faible, que je suis molle dans ses bras forts me supportant. Parce que je suis restée dans cette position toute la nuit. Je n'ai pas flanché, mon écran non plus. C’est à croire que je l’empêchais d’aller en mode veille comme je m’empêchais de voir le monde avec d’autres yeux que les miens. Peut-être plus humains.

Le matin. Que faisait-il ici le matin ? Je tournai un regard triste, perdu vers lui, l’implorant d’être ma bouée de sauvetage, m’excusant d’être un tel fardeau, de lui avoir imposé cela en si peu de temps. Vis, vis pour moi. C’est ce que je lui demandais. Et il le faisait sans rechigner. Il reste à mes côtés, est ma bouée de sauvetage, mon gilet de sauvetage aussi par moments, mon exutoire, mon antidépresseur, mes prescriptions.  Il est tout et tient son rôle avec brio. Je remarque finalement un sac au pied du lit et pose un regard fatigué –mais intrigué- sur ce qu’il semble contenir. Je souris doucement et il répond à mon sourire, se penche par-dessus mon corps inerte et m’embrasse délicatement de ses lèvres minces. M’embrasse d’une manière que seul lui en est capable, dans toutes les positions possibles, peu importe ce que mes lèvres font. Il se redresse et m’étend doucement sur le lit, me répétant sans cesse que je devais me lever et me préparer. Il prit mon portable et le mit sur mon bureau, le fermant, venant s’étendre le long de mon petit corps, me disant des mots si doux sans émettre un seul son. Seules ses lèvres eurent l’audace de me murmurer ces mots durant un de mes états tel que là. « Je t’aime ». Une de ses mains défit tranquillement, doucement, avec amour, les boutons de ma robe, venant ensuite glisser ses mains sur mon ventre, mes côtes, mes épaules, glissant le tissus de ma beau de lait. J’entrouvris mes lèvres pour protester et il déposa un rapide baisé sur mes lèvres puis se redressa. Mon corps suivit le sien instinctivement, ne voulant pas se retrouver seul avec lui-même.
« Habille-toi, on sort ! »

Me levant, la robe tomba en caressant ma peau. Je me débarrassai rapidement de mes sous-vêtements et le rejoint dans la salle de bain où il me lança rapidement des vêtements. La texture me semblait différente et je vis entre mes doigts mon maillot de bain. Heureuse, je m’accrochai à son cou pour l’embrasser avec amour et il me repoussa doucement par les hanches, me laissant un peu d’intimité pour m’habiller. J’enfilai mon maillot et mit une petite robe d’été tube noire en dentelle avec un jupon jaune en-dessous. Il aime bien cette robe. Elle est courte, mais je m’en vais à la plage, je m’en vais me pavaner en moins de vêtements que j’en porte habituellement quand je vais me coucher. Moi, j’ai hâte de le voir se pavaner, je suis surexcitée d’aller m’amuser dans le sable et l’eau ; aller à la plage est tellement magique lorsqu’on est bien accompagnés… Il me prit par la main et m’entraîna hors de ma tanière, m’entraîna au soleil, m’entraîna vers un pays de bonheur que je ne connais qu’avec ceux que j’aime. Surtout lui, mon Monsieur Pretty Boy…

Le soleil était fantastique. Juste assez chaud pour se jeter dans l’eau trop glacée pour moi et rigoler parce qu’on se pousse pour que l’autre ait plus froid, qu’on s’envoie de l’eau dessus pour taquiner et qu’on rit, qu’on rit aux éclats sans plus jamais vouloir cesser de rire. On rit tellement qu’on en a mal aux joues, mal aux côtes, qu’on en tombe dans l’eau, qu’on crie de plus belle, qu’on rit de plus belle. Ce n’est pas la plus belle plage au monde, loin de là. Elle est quand même polluée avec tous les feux d’artifices qui se font projeter de son lit, avec le casino juste sur le bord rocailleux, en pleine ville, mais il est charmant avec sa verdure, ses pistes cyclables et son accessibilité. Ses terrains de volleyball sablonneux, ses tables de piquenique pour se reposer. Nous avions fait de tout : nager, se chamailler, jouer dans le sable, se courir après, jouer à Marco Polo, jouer au volley, se reposer au soleil pour se griller les foufounes, se reposer à l’ombre avec un breuvage froid pour se rafraichir. La journée était merveilleuse, j’en avais oublié tout le reste, je n’avais d’yeux que pour lui, que du plaisir au cœur. C’est avec joie et épuisement que je l’ai suivi à sa voiture, qu’il s’est dirigée, main dans la main, vers sa voiture, me lançant des petits coups d’œil tendres une fois de temps en temps derrière ses lunettes de soleil en plastique noir et vert. Durant tout le trajet, il me flattait le revers de la main du pouce et moi je lui jetais quelques regards gênés sous ses attentions, des regards incroyablement amoureux puis je détournais la tête pour regarder le paysage, écouter sa musique qui me plaît de plus en plus.

Une fois à domicile, il n’y a personne. Nous sommes seuls. Il stationne la voiture, déverrouille la porte d’entrée sur le côté de la maison et me tire à l’intérieur. Moi et mon superbe talent d’acrobate m’écrase contre son torse alors qu’il me prend le visage entre ses grandes et fines mains pour m’embrasser passionnément. Je me redresse pour répondre au baisé, submergée par sa fougue. Nous avancions à tâtons, déposant nos sacs en chemin vers sa chambre, bras dessus, bras dessous. Ma respiration se fait plus rapide ; j’aime sa spontanéité, j’aime la force et l’entrain avec lequel il me dirige. Fermement, il m’agrippe par les cuisses malgré mon gémissement de protestation et me prend contre lui, fermant sa porte de chambre en m’y appuyant alors que j’approfondis le baisé avec un soupire de plaisir, mes mains s’emmêlant dans sa chevelure châtaine. Il recule un peu maladroitement –avec mon poids sans savoir où il mettait le pied, c’était très normal. Même qu’il a dépassé mes attentes. Quoique ça reste sa chambre et une distance d’à peine deux mètres- et s’assoit sur son lit, se baisse en position couchée alors que mon corps suit habilement le sien, écartant encore plus les cuisses pour le laisser se placer convenablement et confortablement sur son lit. Il glissa rapidement ma robe par-dessus mes épaules, interrompant notre baisé passionné pendant que moi je laissais glisser mon corps, ma peau, contre lui, comme un chat qui recherche la chaleur sans cesser notre intense baisé. Ses mains glissèrent avec envie, avec tendresse, contre ma peau soyeuse, contre le peu de tissus qui recouvrait mon corps chaud. Ses doigts vinrent finalement rejoindre un des nœuds qui tenait ce maillot contre ma peau, enserrant mon corps dans une caresse infinie de lien tissé. Il tira avec délicatesse sur le fil retenant mon haut alors que je terminais notre baisé pour plonger mon regard dans le sien, ce regard bleu, si vaste, plus bleu que chartre. J’ouvris mes lèvres pour lui dire ce que je ressentais, voulant lui démontrer la montagne d’affection que je voulais lui offrir, mes lèvres formant parfaitement les mots, mais aucun son ne sortant de ma gorge. Je savais que quelque chose n’allait pas alors qu’on se laissa un regard surpris, presque effrayé. Il me repoussa doucement et moi je me redressai vivement, surprise, effrayée…

« C’est le temps de prendre votre médication. »
La voix douce et patiente de Mme Infirmière Rouge me ramena à la réalité alors que je soufflais difficilement, effrayée, surprise, ne comprenant rien. Elle sourit, désolée, et s’excusa, m’expliqua qu’elle a essayé d’y aller doucement et de ne pas me brusquer. Je sais qu’elle est douce. Je me recouche, m’étant redressée sous le choc. Je ferme les yeux et lui explique que ce n’est pas grave, que cet endroit me cause un certain stress et que je me réveille toujours en sursaut, c’est immanquable dans cet endroit. Je ne peux faire autrement. Je lui tends mon bras, chassant les larmes de mes yeux alors que Mme Infirmière Rouge ne me regarde pas par respect, voyant mon désarroi. Elle prend ma pression, ma température et mon pouls. Elle me laisse ensuite un petit pot avec ma médication et attend que je la prenne avant de partir. Je bois le verre d’eau au complet, sentant le liquide glacé envoyer d’autres frissons sur ma peau brûlante. Je faisais un peu de fièvre, pas beaucoup. De la fièvre que je me suis créée moi-même avec cette utopie. Impossible… je ne pourrais être aussi heureuse. Pas ici. Pas maintenant. Pas avec ce qui trotte dans ma tête, cette noirceur qui me gobe le cœur, qui meurtrit mon âme. Qui me lacère et me lapide depuis trop d’années de ma courte vie. On a beau me dire que je suis encore jeune, mais je ne me vois pas continuer une vie ainsi, sans voir mon avenir, sans savoir si je vais réussir à faire quelque chose de bien un jour. Je ne peux me permettre de si beaux rêves quand tous les autres ont été impitoyablement écrasés par la réalité et la vérité.

Oh, Monsieur Pretty Boy, comme j’aimerais te serre dans mes bras… mais je suis dans le noir, le noir total et le seul son m’accompagnant en cette nuit orageuse est le son lointain de la pluie tapant sur les fenêtres inexistantes dans ma chambre, le son des appareils de santé, l’agonie de mes compatriotes. J’aimerais recevoir la douceur, le bonheur que tu m’as fait ressentir dans un si beau rêve. Mon rêve. Mon rêve de passer des beaux moments avec toi, Monsieur Pretty Boy, de passer une vie pleine de joies et de jeux. Une vie spontanée, une vie avec toi. Montre-moi à être heureuse, je t’en prie ! Car sinon, prochainement, il ne restera plus rien à récupérer de moi. Je ne serai plus qu’un petit tas de cendre et de morceaux de verre brûlé, car mon cœur n’est fait de pierre, mais bien de verre. Il est fragile et a été brisé tant de fois qu’il en manque quelques morceaux tels que mon innocence, mon sourire, mon bonheur… J’espère, Monsieur Pretty Boy, que tu seras capable de rapiécer ces morceaux égarés, car j’aimerais ne pas sombrer et vivre ton bonheur, mais je n’en suis point capable. Plus maintenant. Tout est noir, maintenant, Monsieur Pretty Boy, tout…

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