samedi 6 décembre 2014

La Mystérieuse Mme Je : Ma Semaine d'Anxiété

La vie est dure parfois. On dirait qu’elle nous en veut et s’acharne à nous faire perdre notre sourire. Et c’est si facile à perdre un sourire… Surtout avec les mésaventures qui me sont arrivées dernièrement…
Mardi, j’avais un rendez-vous de pris avec mon garage pour installer les nouveaux pneus d’hiver que j’avais commandé. Ils les avaient commandés, allaient me les installer et j’allais partir avec une voiture toute prête pour affronter notre redoutable hiver. Mon rendez-vous était un mardi. Je travaillais ce mardi. Je devais donc me présenter là avant de me rendre au travail, laisser mes clefs et marcher jusqu’au bureau après. Je me suis réveillée en retard, car j’avais si froid si je sortais des couvertures… et je compris pourquoi lorsque j’eus le courage de me retirer de mes couvertures chaudes et si confortables… Ma porte d’entrée était ouverte. Cela me surprit et je la fermai tout en regardant autour de moi pour voir s’il y avait quelque chose qui manquait. Le bordel dans ma demeure ne me permettait pas de faire une liste de tout ce qui s’y trouvait, mais si on avait déplacé quoi que ce soit dans ce bordel, je l’aurais su. Rien n’avait bougé. La porte de la salle de bain – où les lapins vivent dans une température habituellement encore plus chaude que celle de mon espace de vie à moi — était toujours fermée, donc aucune chance qu’un de mes amours se soit sauvée. Il faisait douze degrés Celsius dans mon appartement. Douze degrés! Je comprends pourquoi M. Coco n’était pas sorti pour déjeuner lorsque nous nous sommes réveillés à cinq heures du matin! Il se réveille souvent avant moi pour manger. Ce matin-là, par contre, un peu nerveuse de retourner au travail, je m’étais réveillée presque une heure plus tôt que prévu. L’insomnie fonctionne des deux côtés; soit, on n’est pas capable de s’endormir, soit on se réveille beaucoup trop tôt pour aucune raison apparente ou, le pire, les deux en même temps. Eh bien, j’avais eu un peu des deux cette nuit-là. J’avais vraiment pitié de mes bébés, donc je les ai pris un à un dans mes bras pour les réchauffer, les mettre en dessous de ma robe de chambre pour leur faire profiter de ma chaleur corporelle.

Malheureusement pour moi, rester au lit pendant plus d’une heure – même si je m’étais réveillée plus tôt — et réchauffer les lapins un à un me causa de partir en retard… je n’eus pas assez de temps pour déjeuner. J’allais me prendre une boisson énergisante en chemin, donc je m’étais dit que je prendrais aussi quelque chose à grignoter en chemin. Il n’y avait rien de moyennement bon pour la santé dans ce dépanneur. Pas de pâtisseries, seulement que des petits gâteaux usinés ou des bonbons, du chocolat et des chips. C’était décourageant. Je me rendis donc au garage dans le gros trafic et dès que je fus dans la bâtisse, je dus aller aux toilettes. Je ne me sentais pas bien avec rien dans le ventre. Mon reflux d’acide gastrique était à un point (lors du stress, déshydratation et sans manger) où j’avais des nausées même lorsque je conduisais ma voiture. Même si j’ouvrais la fenêtre. Une fois terminée aux toilettes, prenant une gomme à la menthe, je me dirigeai vers la réceptionniste qui m’accueillit avec un demi-sourire. J’allais apprendre à détester ce demi-sourire. Je lui dis que je venais déposer ma voiture puisque j’avais un rendez-vous pour faire poser mes pneus d’hiver cloutés. Oui, cloutés. On avait installé des petits clous sur mes pneus pour avoir plus de traction. J’habite dans la forêt quand même!
C’est alors qu’elle me regarda d’un air comme si je venais d’une autre planète alors que je lui disais mon nom. Elle continua ses vérifications et me dit que mon rendez-vous n’était pas ce mardi, mais bien mardi PROCHAIN! J'étais abasourdie. Je lui répétais sans cesse que c’était bel et bien aujourd’hui mon rendez-vous, que lorsque j’avais appelé il y avait plus d’une semaine de cela qu’on m’avait bien dit ce mardi, que je l’avais même inscrit dans mon calendrier virtuel sur mon téléphone portable et elle me dit que c’était impossible de passer ma voiture aujourd’hui. Je lui fis aussi savoir que deux lumières orange s’étaient allumées sur mon tableau de bord et que ça m’inquiétait. Elle me dit qu’elle n’avait pas le temps pour cela aujourd’hui. J’étais vraiment, vraiment désespérée et stressée et mal en point. Je quittai le garage et me dirigeai vers le travail, le cœur dans le ventre. Je composai le numéro du petit restaurant à déjeuner dans le même bâtiment que mon travail et leur commandai un bagel, sans beurre sans rien. Juste un bagel. J’avais du creton avec moi, donc j’allais pouvoir me tartiner un bon bagel au creton! J’allais devoir arrêter aux toilettes par contre. J’entrai dans la bâtisse, déposai mes choses dans le vestiaire au travail, mon lunch dans le frigidaire pour les employés de jour (réfrigérateur qui sent la charogne…) et me dirigeai plus que rapidement aux toilettes, n’ayant même pas le temps de répondre au salut que mes collègues me lançaient. Après avoir été aux toilettes, je me repris une deuxième gomme, ayant perdu la première en allant aux toilettes. Je descendis, paya mon bagel et remonta.

La journée se passa bien, mais je reçus un coup de fil de Monsieur Frère. Puisque je n’étais pas en pause, je ne pus répondre. Une fois le temps de dîner, je pris le message qu’il m’avait laissé; il s’excusait de la part de l’administration du garage et me fit savoir que je pouvais passer après mon quart de travail – à 16 h — et qu’on allait me laisser une voiture de location. J’étais super heureuse! Après avoir terminé de travailler, je me dirigeai au garage, laissant les clefs à la dame qui me fit son demi-sourire et un homme vint me chercher pour m’amener à la voiture de location et signer les papiers d’assurance et tout le tralala. C’était compliqué parce que j’avais plusieurs effets dans ma voiture. Je fis un coucou rapide à Monsieur Frère qui était avec un autre client avant de partir avec Mr. Enterprise qui allait me prête une belle voiture de l’année. Bon, cette voiture n’avait pas le démarreur à distance ni la caméra de recul ni la grosse radio à écran tactile comme la mienne (dont le Bluetooth semblait être vraiment défectueux, ne voulant rien savoir de connecter mon cellulaire efficacement et ne voulait plus le supprimer par la suite…), mais c’était un peu plus luxueux! Il n’y avait pas de clef. C’était une manette qu’il fallait avoir sur soi pour que les portes se déverrouillent et que le moteur parte. Pour changer du neutre au mode stationnaire au mode conducteur, c’était une petite roulette et non une manivelle ou un bras. Ils avaient même un système de postes de radio par satellite d’extra! J’écoutais donc le poste de chansons de Noël. C’était une journée stressante, mais ça allait finalement mieux!

Jour deux de semaine stressante semblait super bien aller. Le travail était comme d’habitude (quoique j’eus des problèmes avec les programmes du travail, ne me souvenant plus de certaines commandes et c’était très frustrant) et j’eus même des compliments de quelques employés lorsque je leurs fis part de façon indirecte de mon petit problème d’estime de moi à cause de mon surplus de poids que j’avais gagné durant les mois où j’ai manqué le travail. C’était très flatteur et réconfortant. Finalement, j’aimais bien les collègues. Ceux qui travaillaient de jour et qui ne s’amusaient pas à créer des rumeurs ridicules à mon sujet.
Après le boulot, Mme SerialK m’avait invitée chez elle pour qu’on puisse se diriger chez Miss Adolescente ensemble après avoir soupé et écouter un film toutes ensemble. Ça s’annonçait comme une superbe soirée! Je passai du temps avec le fils de Mme SerialK qui adorait les invités (mais j’aime bien penser qu’il m’aime moi spécialement parce que c’est toujours bon pour l’égo se dire qu’on est spécial) et aidai à faire la vaisselle par la suite. J’avais aussi tenté de les aider en les informant des étapes à suivre lorsqu’on perdait un cellulaire et, après avoir vérifié un cellulaire dans une boutique, nous nous dirigeâmes chez Miss Adolescente. Elle nous accueillit avec un gros câlin et nous offrit une bière. Je n’aime pas la bière blonde, donc je refusai et Mme SerialK n’aime pas la bière tout court, donc Miss Adolescente fut la seule à en prendre. Ce fut ensuite le temps de préparer le popcorn, mais j’avais un appel à faire; quelque chose était bizarre avec ma carte de crédit…

« Nous avons le regret de vous informer que votre carte de crédit a peut-être été fraudée et utilisée pour des achats de services en ligne. »

Et les services sont assez loufoques aussi… En tout cas, moi j’en ris encore! Au moins j’avais de l’assurance; on gela ma carte, me créditèrent les achats frauduleux et on me demanda de couper ma carte de crédit, car on allait m’en envoyer une autre. Un autre deux semaines à attendre ma carte de crédit juste avant les fêtes! Super.

Le film était toutefois excellent! Ça me remonta le moral. J’avais déjà hâte à quand nous allions écouter le deuxième tome de cette série! Oui, il y avait un deuxième film! C’était vulgaire et violent; juste ce dont j’avais besoin en cette soirée stressante. Une fois rendue à mon appartement chaud et confortable (la porte était restée fermée), je pris mes médicaments (avec une Tylenol Extra Forte en plus), car je commençais à avoir mal à la tête. Je bus un grand verre d’eau pour m’aider, mais j’avais aussi faim. Ce n’était pas une bonne idée de manger avant d’aller me coucher, donc le verre d’eau allait suffire pour l’instant. Alors que je m’asseyais sur mon lit, cellulaire en main pour regarder les réseaux sociaux, la pire migraine de ma vie me frappa à plein fouet. L’air autour et la gravité me faisaient mal. Les sons m’agressaient non seulement les tympans, mais étaient aussi comme des coups de marteau partout dans mon crâne. Je pris mon sac magique et me couchai dans les couvertures, les tirant jusqu’en dessous de mon cou, contre mes oreilles et mon sac magique sur le front. Je m’endormis ainsi, raide comme une barre.

Le lendemain, lorsque je me réveillais, je remarquais je n’avais même pas bougé. J’étais toujours raide comme une barre, le sac magique sur le front, mais plus de migraine. J’étais quand même épuisée. Au moins je ne travaillais pas! C’était une journée de bénévolat. Je me rendormis après m’être replacée – j’étais tellement raide que ma jambe gauche souffrait horriblement (probablement parce que j’avais manqué de circulation ou quelque chose du genre) et j’enlevai aussi le sac magique de mon front pour me coucher sur le côté. Un appel me réveilla, mais j’étais encore trop fatiguée pour y répondre. Je me rendormis. Mon cadran sonna trois heures et demie avant mon début de bénévolat, mais j’étais encore trop épuisée pour me réveiller. Je me rendormis. Deux heures avant mon bénévolat, je me levai, m’habillai et, ayant écouté le message vocal que la personne qui m’avait appelée m’avait laissé, quittai pour le garage. Ma voiture était prête. J’allais devoir laisser la voiture de location à Mr. Enterprise et il vint me porter au garage par la suite.

C’était la fin du monde. On me montra ma facture et elle ne faisait aucun sens pour moi. Il y avait un changement d’huile que j’avais clairement annulé quand j’étais allée porter ma voiture à mon rendez-vous inexistant. Je répétai cela à Mme Demi-Sourire et elle me répéta que ma signature était juste au-dessus du changement d’huile et moi de lui indiquer que je croyais que c’était un papier que je signais pour donner l’autorisation aux garagistes de vérifier ce qui se passait avec ces lumières qui s’allumaient sans cesse sur mon tableau de bord. Elle de me répéter que j’avais signé et que le changement d’huile était fait. Je commençais à paniquer et lui indiquai que je n’avais pas l’argent pour payer ce service que j’avais clairement annulé et elle me répéter que j’avais signé. Elle est ensuite partie pour voir une collègue et moi, de mon côté, j’envoyais un message texte à Monsieur Frère. Je paniquais. Je paniquais vraiment beaucoup. En plus, sur la soumission que je lui montrais, le total était plus de onze cents dollars! Il m’avait dit que ça allait être à peine neuf cents… Il me dit que ça allait rester à peine neuf cents, car le prix des pneus, des jantes, des clous et de la main d’œuvre allait être de 887,65 $. Lorsque la femme revint et qu’elle me dit que mon changement d’huile devait être payé, Monsieur Frère leva la main pour indiquer qu’il fallait le laisser parler. Il lui indiqua que les prix de la commande étaient erronés. Elle semblait irritée, la Mme Demi-Sourire. Moi j’étais livide. Mon visage était blême et mes cernes étaient plus que visibles. Je venais de vieillir de dix ans en dix minutes. La femme dit qu’elle allait voir ce que l’autre femme en pensait et disparue à nouveau. Monsieur Frère vit que j’étais en pleine panique et me prit par les épaules pour me dire qu’il allait tout arranger. Je me mis à pleurer et il me prit dans ses bras. Je me blottis un peu et me détacha de lui, le remerciant du regard. La femme revint et dit qu’elle ne pouvait pas changer le prix.

« Je vais te le changer, moi, le prix. »

C’était presque une menace qu’il faisait, Monsieur Frère. Mme Demi-Sourire fit son demi-sourire qui me donnait envie de l’assommer. Paniquant toujours un peu, je sortis de la réception pour aller dans la salle d’attente. De toute manière, elle parlait maintenant sur son cellulaire et je me sentais mal d’assister à une conversation privée. Et ce n’était pas à moi de me sentir mal; elle était au travail et parlait sur son cellulaire devant moi! Aucun professionnalisme. Monsieur Frère m’appela, ne sachant pas où j’étais partie et je vins le rejoindre très rapidement. Il regarda Mme Demi-Sourire et lui dit de réimprimer la soumission, me donnant un prix de cinq dollars au-dessus du prix original. Cinq dollars n’étaient pas 250, donc j’étais plus qu’heureuse de payer cela, plus dix dollars pour essayer de couvrir le plus possible du changement d’huile qu’on forçait sur moi. Monsieur Frère paya le reste, me disant que je n’avais pas à me presser pour lui remettre l’argent. Il prit ensuite mes clefs et m’amena à ma voiture, conduisant ma voiture de façon assez brusque pour me montrer à quel point mes pneus étaient bons. Bruyants, mais bons. Je lui donnais un dernier câlin avant de quitter pour me diriger vers le bénévolat.

Deux heures. Ça m’avait pris deux heures d’acharnement pour ravoir ma voiture. Que des problèmes avec cette voiture. Au moins, ils avaient réparé quelques problèmes de plus pendant qu’elle était au garage. Comme pour rajouter au drame de ma vie, un écureuil décida de se jeter en avant de ma voiture alors que je n’avais aucun moyen d’arrêter. Je mis quand même brusquement le pied sur la pédale de frein et donnai un coup de volant, mais des voitures s’en venaient un peu plus loin dans le sens inverse, donc je ne pouvais pas vraiment trop m’écarter de ma voie. Je me mis à pleurer instantanément, pensant que je lui avais roulé dessus et l’avais écrasé, mais je la vis dans mon miroir gauche et eût un petit rire de soulagement. Une fois arrivée sur place pour mon bénévolat de l’après-midi, j’avais encore les yeux un peu rougis et enflés, de m’être mise à pleurer. J’expliquai le tout et Mme Bio-Logique comprit mon retard. Elle fût très compréhensive et me rassura que je ne devais pas m’en faire avec mon retard, que j’avais beaucoup plus sur mon assiette que ce que je pouvais digérer, donc je pouvais relaxer. Elle mit son fils sur mes cuisses et je fus instantanément de bonne humeur. Elle avait le plus beau bébé au monde avec ses grands yeux bleus, ses cheveux blonds, ses grosses bajoues et ses belles fossettes… Il riait et souriait toujours et m’aimait beaucoup.

« Tu sais, ta semaine n’est pas si pire que ça! Tout s’est arrangé finalement! »

C’était vrai. Je n’avais peut-être pas réussi à avoir mon rendez-vous mardi, mais j’ai quand même pu laisser ma voiture au garage et ils m’ont prêté une très belle voiture de l’année en attendant. J’avais eu mes pneus et jantes et tout pour un peu moins de neuf cents dollars et Monsieur Frère m’avait aidée à payer le changement d’huile de presque cent dollars. Je n’avais pas frappé le pauvre écureuil. Ma migraine était partie. Ça allait bien. Je lui souris et la remercia de me remonter le moral. Et puis je me souvins que j’avais laissé le banc de bébé dans la valise de la voiture qu’on m’avait prêtée. Je soupirai et dit que j’allais appeler le lendemain puisqu’ils étaient probablement fermés à l’heure où nous étions rendues.


Mais elle avait quand même raison. Tout allait bien (sauf pour le banc). Si ça m’était arrivé il y a quelques mois de cela, je n’aurais pas réagi pareil. J’aurais été alitée pendant des jours, voire des semaines. J’aurais pleuré, j’aurais eu des crises d’anxiété, j’aurais été incapable d’écouter un film avec mes copines, j’aurais été incapable de faire du bénévolat ou d’aller au travail. Je n’aurais envie que de dormir et regarder la télé parce que ça ramolli le cerveau. Mais je n’ai pas fait tout cela. Je réussissais à sourire même si j’avais pleuré d’anxiété ou de peine d’avoir peut-être écrasé un écureuil. J’ai souri au travail. J’ai rendu le sourire à plusieurs personnes. Je suis rentrée travailler. J’ai blagué avec mes copines des transactions qui ont été faites sur ma carte de crédit sans mon consentement. Je suis allée faire mon bénévolat. Tout cela avec le sourire. Un VRAI sourire. Je m’amusais vraiment. Je crois que c’est la première fois de ma vie où je suis véritablement heureuse. Où je peux tout simplement hausser des épaules et me dire que tout va bien aller. Et tout a bien fini (je ne sais pas ce qui va se passer avec le banc d’auto de bébé, mais ça va bien aller) et tout va continuer de bien aller. Pourquoi? Parce que je veux que ça aille bien. Parce que je me sens bien avec moi-même, et ce, même si j’ai pris un montant considérable de poids. Parce que je ne vois pas pourquoi je serais triste. Ça pourrait aller dans le sens inverse; je ne vois pas pourquoi je serais heureuse. Mais je vois toutes les petites et grosses raisons d’être heureuse en ce moment. C’est sûr que j’aimerais vraiment que le monde soit plus beau et plus gentil, mais je ne peux pas sauver tout le monde. Je peux toutefois continuer de sourire, de faire rire et d’aider les gens qui me sont proches ou non. Je vois toutes ces personnes qui m’aiment et qui tiennent à moi. J’ai mes lapins et M. Coco. J’ai ma famille qui m’aime et me supporte. J’ai Monsieur Frère qui règle tous mes problèmes et j’ai des collègues de travail qui ne comprennent peut-être pas ce que je vis ou ce que j’ai vécu, mais qu’ils s’en fichent un peu (dans le bon sens) et sont juste heureux que je sois de retour au travail pour leur jaser. J’ai mes jeux vidéos pour passer le temps et j’ai des gens à aider et des vies à changer. Peut-être que je ne changerai pas le monde entier, mais je vais faire tout en mon possible pour changer la vie de ceux que je rencontre de façon la plus positive possible, que ce soit par un simple sourire ou bien par des heures de bénévolat ou par un je t’aime ou un câlin. Je veux être là et continuer d’apprécier ce que j’ai et cette vie qui m’est offerte. Et c’est la première fois que je me sens bien dans ma situation sans qu’elle soit parfaite, que je me fiche de ce qui ne va pas bien, car « every little thing is gonna be alright. »

mardi 2 décembre 2014

La Mystérieuse Mme Je : Ma Voiture et Moi

Les autos et moi c’est une vraie histoire d’amour. C’est vrai, nous nous rencontrons presque tous les jours pour passer du temps ensemble, confortables, j’en prends soin, ma voiture prend soin de moi, elle ronronne et je ris, on chante, je suis confortable avec et je suis la seule à la connaître aussi bien. Vraie histoire d’amour. Maintenant, imaginez Carmina Burana qui joue. Imaginez-vous que tout le temps que j’étais avec elle, que je la nourrissais, que je prenne soin d’elle… Qu’elle était quand même malade. Tout le temps. Comme moi. Moi, je prends des médicaments, j’ai des vaccins, ça ne coûte presque rien. Je vais chez le médecin qui est couvert par les assurances. Si j’amène ma voiture voir le médecin – le garagiste —, ça me coûte de l’argent. C’est long. C’est ennuyant et quand elle décide de s’évanouir en plein milieu de nulle part, devinez qui est prise au froid, seule à attendre que l’ambulance à voiture (la dépanneuse) vienne chercher ma voiture. C’est moi.

Mon autre voiture, avant, on n’avait pas un lien d’amour aussi fort. Je l’aimais, mais après un bout, elle est devenue redondante. J’adorais la couleur de sa peau (la peinture) d’un beau vert métallique à la Ninja Turtles. Mais elle s’est blessée et a eu beaucoup de cicatrices et de membres cassés. J’ai mis beaucoup d’argent dans ses chirurgies (réparations) et puis je n’avais pas les mêmes besoins. Avec les sièges chauffants, la radio super puissante, la belle couleur (jaune lime, c’est super!!), le volant chauffant, le démarreur à distance... c’est comme si je venais de laisser un partenaire stable pour une femme trophée.

Et quand c’était le quatrième rendez-vous d’urgence que j’ai dû aller, je m’ennuyais beaucoup de ma voiture peut-être moins luxueuse, mais beaucoup plus stable. J’ai comme un goût amer dans la bouche puisque c’est Monsieur Frère qui nous a présentés et dès que je veux lui parler de nos problèmes relationnels qu’il pourrait essayer de nous trouver un thérapeute (un rendez-vous plus avantageux pour voir le garagiste), il disparaît et ne me donne plus de nouvelle. Même quand j’ai voulu lui faire une manucure que lui avait orchestrée, ce n’était pas la bonne date de rendez-vous. Donc moi, toute pressée et stressée d’arriver en retard, je n’ai pas eu le temps de déjeuner parce que ma voiture faisait sa capricieuse et ne voulait pas partir lorsqu’il faisait froid. Et puisque je n'avais pas mangé, j'ai été malade.



Morale de l’histoire : N’échangez pas un partenaire stable et aimable pour une poupée gonflable. Une fois la poupée usée et laide, il ne va rester que de la nostalgie pour l’ancien partenaire qui mène maintenant une meilleure vie. 

samedi 29 novembre 2014

La Mystérieuse Mme Je : Meilleur Cadeau de Noël au Monde!

La journée ne s’annonçait pas trop belle aujourd’hui. J’étais si fatiguée que je n’avais pas envie de me réveiller… je n’avais pas envie de sortir de mon lit, je voulais y rester et ne faire qu’un avec aujourd’hui! Il faisait si froid dehors des couvertures… Brr! L’alarme sonnait aux cinq minutes, mais je ne l’enlevais pas, je le laissais pour me réveiller toutes les cinq minutes, pensant que si je dormais un petit cinq minutes de plus, j’allais me sentir plus réveillée et plus en forme… et, un moment donné, ça a fonctionné. Je me suis retournée pour fermer mon cadran et j’ai vu du blanc dehors. ENCORE de la neige! Je me suis levée en maugréant et j’ai envoyé un SnapChat à mes amis de cette « marde blanche » que je voyais tapisser le sol de mon entrée dans les bois. Pour les quatre qui m’ont répondu, ils ont dit qu’eux n’avaient rien du tout. C’est sûr. Je ne suis qu’à une dizaine de kilomètres de la ville et j’ai toujours plus de neige qu’eux. Juste 10km au n
ord! C’est 15 minutes en voiture! 3 h de marche! (Oui, je l’ai déjà fait…)

Je m’attendais à partir et devoir pelleter deux pouces de neige quand j’allais revenir alors qu’eux, en ville, n’auraient rien. C’est ce qui m’était arrivé ces cinq derniers jours : moi j’ai pelleté deux pouces par jour de neige dans notre énorme entrée et eux ne faisaient qu’enlever la neige de leur voiture, allaient travailler et revenaient pour remarquer qu’ils n’avaient plus rien dans leur entrée. Et moi je pelletais encore! Oui, encore! Et voir cette marde blanche m’a fait sauter sur mes pieds, bien réveillés. Je lui devais au moins ça, mais c’était quand même de la colère et de l’irritation qui m’avaient accueillie à mon réveil. Pas trop une bonne façon de commencer la journée. En plus, je me sentais immensément paresseuse. Je n’avais envie que de rester dans mon lit et végéter… mais j’avais promis à une amie de l’aider avec sa petite entreprise de fruits et légumes bio, donc je suis allée faire du bénévolat toute l’après-midi. Ça m’a quand même pris trois heures à sortir de mon lit et une demie heure à me faire des chaussons aux framboises, me brosser les dents, m’habiller, nourrir les lapins, laisser sortir le chien et partir. Procrastination est vraiment mon deuxième nom.

Le bénévolat était bien, c’était relaxant et j’ai vu M. Plusbeaubébéaumonde. Il porte bien son nom! Il me sourit toujours de ses beaux grands yeux bleus, ses fossettes me rendant jalouse à chaque fois qu’elles se creusaient et je me suis dit que, lui et moi, on se ressemblait. On se ressemblait parce qu’on aime sourire et qu’on a de jolies petites fossettes! Il me rappelle que la vie est belle si on décide qu’elle l’est; si on sourit, on fait sourire les autres et rien ne me rend plus heureuse que de voir les autres heureux. Le sourire, c’est très contagieux, donc que ça vienne d’un enfant, d’une femme, d’un adulte, peu importe, ça fait toujours chaud au cœur. Un vrai sourire, le genre qui vient du fond du cœur ou le petit sourire gêné qu’on fait quand on remercie quelqu’un du regard, mais que la gêne nous bloque la voix dans la gorge…

J’étais heureuse quand même, aujourd’hui. Même s’il faisait noir lorsque je suis sortie du bénévolat à dix-sept heures trente. J’avais quand même mangé un bon Pomelo biologique de la Boîte Bio-Logique! J’ai même laissé un commentaire sur leur page Facebook à cause de ça. Au moins, ça m’aida à passer une journée particulièrement difficile sur mon énergie; avais-je trop dormi? Ou avais-je besoin d’encore plus de repos pour me remettre de mes deux premières journées de travail? Eh bien, ces histoires sont pour une autre fois…

Une fois à la maison pour ranger mes fruits et légumes, je me rends compte que je dois gonfler un de mes pneus qui a une crevaison lente. Je dus donc tout sortir l’équipement de M. Dad pour gonfler mon pneu : compresseur à air, tuyau d’air, corde d’extension… Et ensuite, je dus tout brancher et me débattre avec la corde d’extension, car elle était toute mêlée et a arraché la prise de courant triple de la prise murale, le compresseur faisait son capricieux et, le pire, j’avais toujours de la misère à figurer comment on faisait rester le tuyau d’air dans le compresseur alors que c’était aussi simple que de rentrer l’embout dans le compresseur et prendre l’anneau de métal et le tirer vers le tuyau pour sécuriser la prise et le verrouiller. Mon petit cerveau ne veut pas enregistrer ces étapes pourtant simples! Je gonflai finalement mon pneu et remit tout à sa place, ne faisant pas de nœud avec la corde d’extension cette fois-ci et reçu un appel de la chère Mme Bio-Logique qui me disait que, finalement, elle n’aurait pas besoin d’aide pour amener une demie boîte de fruits et légumes à sa cliente, que ça faisait tout dans sa voiture. J’eus un peu de misère à lui parler, car j’étais dans le garage et mon Bluetooth avait embarqué dans ma voiture. C’était assez comique.

M. Coco me manquait, mais Mme Neurotic me manquait encore plus! Nous voulions nous voir depuis un bon moment déjà, mais nos horaires ne coïncidaient pas. Ce soir était le soir et nous ne savions pas quand serait la prochaine fois que nous allions nous voir, car elle habitait maintenant si loin de nous que ça me prenait presque une heure aller à voir! Je ne m’étais jamais vraiment rendue chez elle, donc je me perdis en chemin et fit un détour d’au moins quinze minutes pour essayer de retourner sur l’autoroute. Et en plus, les conducteurs de cette ville ne conduisent vraiment pas bien, ne sont pas courtois et sont très, très lents! D’où je viens, on laisse les gens passer, on les remercie d’un signe de main et on roule un petit peu plus que la limite, car nous sommes tous pressés dans cette vie qui ne cesse d’aller plus vite.

Une fois chez elle, elle prépara nos repas; je mangeais des doigts de poulet et elle mangeait des pâtes au porc délicieuses. Je ne croyais pas que les doigts de poulet allaient être aussi bons, mais ils goûtaient réellement le poulet et la panure était délicieuse! On dirait que je mangeais du Bâton Rouge! Sans les excellentes sauces, j’avais du Ketchup. Une fois que nous avions fini, nous avions mis nos assiettes au lave-vaisselle puis, tout d’un coup, alors que je me réinstallais à la table, elle me tendit un mince paquet enrobé de papier d’emballage de Noël avec un imprimé de hiboux mignons avec des chapeaux du père Noël sur la tête. J’écarquillai des yeux, ne sachant pas quoi faire; elle venait de me parler des cadeaux de Noël qu’elle avait offerts à sa mère et ses grands-parents.

— C’est ton cadeau de Noël.
Je me sentais gênée, donc j’avais probablement rougi et je lui dis que c’était un bel emballage et j’étais vraiment embarrassée… moi qui voulais tellement offrir des cadeaux de Noël, mais que je ne pourrais le faire qu’après les fêtes… C’était triste. Et je me sentais mal. Ai-je déjà mentionné que je me sentais mal? J’enlevai soigneusement le ruban adhésif pour ne pas déchirer le beau papier et découvrit – après avoir soigneusement enlevé TOUS les rubans adhésifs mêmes si je n’étais pas obligée de le faire — une enveloppe. Je restais perplexe et fronçai des sourcils tout en sentant son regard se poser sur moi. Elle était à l’évier en train de ranger de la vaisselle dans le lave-vaisselle. Une fois que je vis ce qu’il y avait à l’intérieur… Mon visage devint rouge, je pouvais sentir le sang circuler rapidement dans mes veines et pomper à la surface de ma peau… surtout au visage. Mon cœur battait de la chamade et je ne savais pas trop quoi faire.

— Je crois que je vais pleurer!
Et je pleurais. Je riais, mais je pleurais. C’était le plus beau cadeau au monde. Je m’étais plainte justement il y a quelque temps de ne pas pouvoir aller voir mon acteur préféré à Ottawa au Pop Expo parce que je n’avais pas d’argent. Et je m’étais dit que j’allais m’en vouloir À VIE. Que jamais je n’aurais la chance de le revoir si près de la maison! Mais voilà que je me trouvais avec une photo de lui dans un de ses rôles (mon préféré), une signature DÉDICACÉE À MON NOM où il me dit qu’il m’aime! PLUS. BEAU. CADEAU. AU MONDE!!!!
— C’est le plus beau cadeau au monde! On pourra jamais me donner autre chose qui est plus parfait, jamais!

Je déposai soigneusement la photo sur la table et sautai à son cou, la serrant fort dans mes bras alors que je sanglotais encore de joie, les émotions prenant contrôle de mon corps et je ne pouvais m’empêcher de rire et de pleurer. C’était juste trop parfait! Et venant d’elle en plus, c’était si représentatif! Il n’y aurait personne d’autre au monde avec qui j’aurais préféré aller voir mon acteur préféré, Mr. Barrowman.

C’est pour ça qu’elle m’avait demandé d’aller au Michael’s avec elle. Elle avait des cadres à acheter et j’allais en avoir besoin d’un aussi puisque j’avais cette merveilleuse photo 8x10 dédicacée! Nous nous sommes donc dirigées au Michael’s, avons parlé, avons cherché longtemps pour des cadres parfaits pour nos trouvailles du Pop Expo. J’avais dit que je voulais aller au Starbucks, donc nous sommes allées, à pied puisque c’était assez près. Nous avons jasé pendant des heures et Mme Neurotic a remarqué qu’elle avait droit à un remplissage gratuit avec son statut de membre d’or puisqu’elle était une cliente fervente de ce café. Cela fit sa soirée. Moi, mon année était déjà faite de bonheur à cause de ce merveilleux cadeau que j’avais eu un peu plus tôt!


Nous sommes retournées jaser un peu chez elle et je suis finalement partie, car j’étais très fatiguée. Oui, trop d’émotions en cette merveilleuse soirée sur une journée qui n’était pas si bien partie. J’avais probablement la plus belle journée de ma vie. Un point de moins sur ma « Bucket List »! Je me sentais mieux, un peu, une fois à l’extérieur. Même si j’avais pris un médicament pour les allergies, j’avais quand même les bronches irritées, le nez qui coulait et les yeux qui piquaient. Mais ça valait la peine, car j’avais vu une amie et j’avais reçu le plus beau cadeau du monde. Je revins assez rapidement et, la première chose que je fis en rentrant fût de prendre mon cadre que j’avais acheté, enlever le papier de dedans et y mettre ma photo, juste au-dessus de mon énorme cadre de Daleks « To Victory! » de Monsieur Jeleveux. Une fois la photo mise dans le cadre et bien placée, je me remis à pleurer. Elle avait réussi à me faire pleurer de joie. Félicitations!

lundi 24 novembre 2014

La Mystérieuse Mme Je : Peur

J’ai décidé de me séparer de la société pour un petit moment, prendre du temps pour moi et relaxer. Je me suis donc déniché un petit loft dans la forêt à une distance respectable de la ville pour ne pas m’exténuer en faisant les courses. Ce petit appartement au-dessus d’un garage, en haut d’une côte à environ deux cents mètres de la rue, est parfait pour moi; certes, un peu petit, mais très chaleureux. Je peux passer plus de temps avec M. Coco, M. Doctor, Mme Belle et Mme Whoopy. Cela faisait beaucoup trop longtemps que je n’avais pas passé du temps avec M. Coco et il me manquait énormément! Dormir collé sous les couvertures la nuit avec la fenêtre ouverte pour de l’air frais me manquait aussi. Ce n’était pas humide comme mon autre appartement en ville et je n’ai pas le désagrément de voisins très bruyants! J’ai accès à de l’électricité, Internet et de l’eau chaude : tout ce dont j’ai besoin! Bon, Internet n’est pas un besoin essentiel à la survie de tous les jours, mais je n’ai pas accès à la télévision, donc je regarde des émissions et des films par Internet. Et je peux aussi ainsi communiquer avec mes amis qui habitent à des centaines de kilomètres de chez moi. Ils me manqueraient trop si je ne pouvais pas leur parler… Mais pourquoi est-ce que je me justifie?! Je n’ai pas besoin de me justifier!

Aujourd’hui est le premier jour d’automne, ma saison préférée! J’en ai profité pour me balader entre les arbres avec M. Coco et prendre de l’air frais de la campagne. Rien ne me fait plus plaisir que de regarder les feuilles changer de couleur en excellente compagnie, habillée d’un petit manteau de couleur vive (mon manteau automnal est orange!) ainsi qu’un beau béret chaud en laine. M. Coco a aussi apprécié sa journée en ma compagnie, mais étant plus énergique que moi, il courrait partout, se salissant ainsi plus que moi. Je trouvais cela dommage; j’allais être la personne responsable par après et toute nettoyer son dégât de boue et poussière!

Nous sommes rentrés en soirée, juste à temps pour que je cuisine et, surtout, pour regarder le coucher de soleil. M. Coco commençait à avoir froid, donc il s’est blotti dans mes bras alors qu’on regardait les reflets du soleil sur le ciel avec un sourire de contentement aux lèvres. J’avais concocté un énorme plat de croustade aux pommes que j’ai partagé avec Mme Mom et M. Dad lorsque je suis allée les visiter. De beaux compliments ont accompagné notre dessert et j’étais bien heureuse d’avoir plu à leurs papilles gustatives! M. Coco ne mange pas de dessert. En fait, il mange rarement autre chose que la nourriture que je prépare spécialement pour lui… sauf quand je le gâte un peu et que je partage avec lui. Il surveille son poids, donc il ne doit pas manger trop de nourriture grasse! Il faut avouer que je ne fais pas attention du tout à cela, moi.

Le four se mit à sonner en même temps que je finissais de nettoyer le dégât de M. Coco. Il faisait déjà noir dehors… S’il y avait bien quelque chose que je n’aimais pas de la belle saison qu’est l’automne, c’est bien qu’il fasse noir beaucoup trop tôt! C’est probablement la seule chose que j’aime de l’été : le soleil reste super longtemps! D’accord, je dois avouer que les piscines et les parcs aquatiques accotent la longueur des journées. Je sortis le saumon du four avec mes mitaines de four à l’effigie de la star bien connue, Mme Hello Kitty, en tablier. Mon riz était déjà prêt, j’avais mis mon assiette avec ma portion généreuse de riz au bouillon de poulet dans la micro-onde pour que ma nourriture ne refroidisse pas trop. Je servis mon saumon à la lavande, basilic et au miel sur mon riz encore tout chaud et m’installai sur mon lit et ma montagne de coussins. L’appartement était trop petit pour un divan et, de toute manière, j’avais un divan en L dans mon ancien appartement qui ne serait pas même entré dans mon petit loft et il aurait été trop compliqué à déménager, donc je l’ai vendu et j’ai laissé le souci de le déménager à la personne à qui je l’ai vendu. Rusée comme un renard!

Une autre raison pourquoi j’aime autant l’automne est que tous les meilleurs films d’horreur sortent à cette saison-ci! Les films d’horreur ou de suspense sont les meilleurs, d’après moi. Assiette sur mes cuisses, ordinateur portatif en face de moi, je mis un bon film d’exorcisme et de hantise. M. Coco vint se blottir contre moi et je mis mon cellulaire sur le mode vibration pour ne pas être dérangée. Cela faisait un peu moins d’une heure que mon film était commencé alors que… ma porte s’ouvrit toute seule. Je dois préciser que j’ai un vestibule fermé, donc la porte qui a ouvert est la porte intérieure. Je suis seule avec M. Coco, dans le noir et déjà stressée par le film d’horreur que j’étais en pleine en train d’écouter. M. Coco se mit à beugler et couru à la porte alors que moi, je restais figée dans mon lit. Je pausai mon film et, vu que Coco ne s’était pas mise à grogner (il grogne lorsqu’il attaque quelqu’un; il n’est pas très social), donc aucun intrus ne s’était glissé dans la pénombre. Je me levai et fixai la porte et le noir autour, ne détachant même pas mes yeux lorsque je trébuchai sur la poubelle, ne m’arrêtant même pas pour la ramasser tellement j’étais terrifiée… mais quand on habite toute seule, on n’a pas le choix de prendre son courage à deux mains et aller voir! Et dans mon cas, aller fermer la porte. Une fois à la hauteur de la porte, je vis que la porte menant à l’extérieur était fermée. C’était seulement la porte du vestibule menant à mon air de vie de l’appartement qui s’était ouverte. C’était trop bizarre. La porte de la salle de bain juste à la gauche de ma porte d’entrée était fermée et la lumière fermée. J’ouvris la lumière intérieure pour m’assurer qu’il n’y avait bel et bien aucun intrus ou fantôme qui s’était glissé dans mon appartement et ensuite la porte de la salle de bain pour vérifier si Mr Doctor, Mme Belle et Mme Whoopy étaient corrects. Ils étaient seuls et ne semblaient pas comprendre ma terreur, étant le plus calme qu’un lapin peut être. Je fermai les portes et les lumières, retournai rapidement à mon lit et me hâta de m’emmitoufler dans ma couverture blanche toute douce avec M. Coco.

Le film d’horreur était presque terminé lorsque j’entendis un cognement sourd… contre ma porte d’entrée à l’appartement. Oui, la même porte qui s’était ouverte il y a moins d’une heure. Ma respiration se fit rapide et M. Coco n’arrêtait pas de crier. Je le pris contre moi et le serrai fort contre ma poitrine. Je suis certaine qu’il se sentait attaqué par mon cœur qui battait si fort dans ma cage thoracique! Je le calmai et le gardai dans mes bras pendant un moment, regardant à peine la fin de mon film. Je n’eus même pas le courage de me lever et d’aller me brosser les dents ou même aller aux toilettes! Je fermai mon ordinateur portable, enlevai mes vêtements et me glissai dans mes couvertures, prête à dormir face au mur, car je ne voulais pas voir ce qui se passait dans mon appartement si jamais quelque chose de surnaturel se passait. J’essayais de dormir, mais j’étais affolée et mon cœur résonnait dans mes oreilles comme un tambour avec un rythme pas très réconfortant. M. Coco était toujours dans mes bras et me trouvait un peu trop affectueuse pour son goût. Il essayait souvent de se détacher de moi, mais je ne le laissais pas aller. Je ne vais pas être seule pour faire face à peu importe ce qui se passait ici!!

Probablement quelques heures plus tard, alors que je ne dormais toujours pas, que je gardais mes yeux fermés parce que je ne voulais pas risquer de voir quelque chose que je regretterais plus tard. La logique est quand même ridicule si l'on y pense bien : si je ne vois rien, rien ne peut me faire du mal! Mais j’étais au bord du pays des rêves alors qu’un autre son se fit entendre et grogner M. Coco. C’était comme un grognement ou un roulement de tambour d’outre monde. Ce n’est pas un son naturel. Et ce son venait de ma fenêtre ouverte donnant sur la cime des arbres. Le son devint rapidement assourdissant, mais ne dura que quelques secondes. Cette fois-ci, M. Coco tremblait, mais je ne hurlais pas. Il grognait par contre, mais très faiblement. Il avait peur. Ces petites bêtes ressentent le surnaturel. Et moi, j’avais tout simplement tellement peur que je cessai de bouger. Respirer me donnait la chair de poule.


Je tendis l’oreille et entendis un petit grattement s’approcher… de plus en plus près… Juste à côté de mon lit et

mardi 8 juillet 2014

La Mystérieuse Mme Je : L'homme parfait

Il y avait cette journée d’activités organisée par le boulot. Je me suis dit : pourquoi pas? Je ne ferais rien de mieux, chez moi, à perdre mon temps, fixant un écran d’ordinateur sans vraiment le voir. Faire le genre d’activité qui ne demande aucune présence mentale. J’en ai marre… même si je ne suis pas tout à fait bien, j’en ai marre d’être cloîtrée chez moi sans contact humain avec seulement M. Doctor, Mme Belle et Mme Whoopy comme compagnie. Ils ne veulent pas toujours de contact humain, eux. En fait, seulement Mme Whoopy quémande de mon attention. Et je suis plus qu’heureuse de lui en donner!

Je m’habille donc d’un simple t-shirt mauve avec deux pokémons Mew qui font la danse de fusion de Dragon Ball, d’une paire de jeans-shorts et de sandales. Très confortable. Je me peigne les cheveux et les place sur mon épaule gauche pour avoir moins chaud. Je prends ma sacoche et je sors, embarquant dans ma nouvelle voiture d’un jaune lime éclatante et démarre le moteur turbo. Je souris. Je suis fière de ma voiture, obtenue grâce à M. Frère et M. Père. Je recule et descends vers la rue où je m’engage en chantant à tue-tête un peu de Blink 182. Je me rends à destination et il y a beaucoup de gens, dont énormément d’employés, que je ne connais pas. C’est dans une école secondaire du coin, donc je me connais un peu. J’entre et me fais arrêter par plusieurs personnes qui m’arrêtent pour prendre de mes nouvelles. Je souris, je leur dis que je vais bien – ce n’est pas tout à fait vrai, mais je ne veux pas me faire poser trop de questions — et je précise que je ne sais pas quand je serai de retour. Il y a des verres de jus gratuit à volonté et l'on peut s’acheter des breuvages de notre choix, alcoolisés pour la plupart, car le jus et la boisson gazeuse sont gratuits. Je vois plusieurs personnes déjà sous l’effet de l’alcool et d’autres qui dansent au son de la musique. Il y a des structures gonflables à l’extérieur, autant pour les enfants que pour les gens de mon âge qui se font un plaisir à essayer d’être le plus rapide à sortir. On rit et l'on parle un peu partout, l’atmosphère me plaît. Je continue de sourire et de dire bonjour à quelques personnes.

— Hé, tu m’ignores ou quoi?
Je me retourne pour faire face à la personne qui me parle. C’est Monsieur Jeleveux. Je suis surprise de le voir et grimace un peu en même temps de me forcer à sourire. Il faut que je garde mon image de jeune femme zen, voyons! Lui est de tout sourire, une boisson alcoolisée à la main.
— Je ne t’avais pas vu. Ni entendu d’ailleurs.
— Ah, c’est pas grave. Il faut dire que je suis étonné de te voir.
— Ah oui?
Je fronce des sourcils; devrais-je être insultée (probablement pas, parce que c’est pas méchant, mais ça vient de lui) parce que je semble être un ermite ou bien flattée par son sourire, car il semble heureux de me voir ici. Son sourire s’efface un peu alors qu’il remarque mon regard et change de pied sur lequel se poser, mal à l’aise.
— Bien, tu sais, c’est une activité organisée par le travail… et je sais pas si les gens d’en haut vont aimer ça…
— Je ne sais pas et je m’en fiche un peu. Ils demanderont à mon médecin et il va m’appuyer que je dois sortir une fois de temps en temps. Et c’est bien de revoir des collègues, de rencontrer les nouveaux, car je vais être moins intimidée en revenant.
— Ah oui, t’as raison.

Il sourit, un peu mal à l’aise d’avoir mis un peu de tension entre nous deux. Je regarde autour, ses amis me font un coucou de la main alors que mon regard se pose sur eux. Je leurs fais coucou et un sourire timide. Ils me sourient et retournent à leur conversation. J’ai comme un petit pressentiment qu’ils discutent de nous. Voyant que je commence à perdre intérêt, M. Jeleveux se relance :
— Tu bois du jus? Tu veux que je te paie un drink?!
— Je sais pas…
— Allez, ça me fait plaisir! Tu veux quoi?
Il s’avance vers le « bar » et je le suis, gênée. J’aime me faire donner des cadeaux, mais je n’aime pas qu’on dépense de l’argent sur moi. Compliquée n’est-ce pas? C’est probablement parce que je n’ai pas beaucoup d’argent moi-même et que je ne peux probablement pas rendre la pareille. Pas en ce moment, en tout cas. Alors que c’est notre tour pour commander, je regarde la personne devant moi avec de gros yeux.
— Tu veux un Bloody Ceasar comme moi?
— Euh, bahh… oui…
Ce fut presque un murmure. Il rit un peu et hoche de la tête à la personne qui fait les mélanges et me tend un verre dont le tour est recouvert de sel de céleri. Je prends une gorgée et souris. C’est très bon!
— Il est moins fort que les tiens, mais merci, c’est très bon.
— De rien! Tu viens voir le spectacle? Je crois qu’un band local va jouer dans quelques minutes.
— D’accord.

J’étais déjà plus à l’aise et lui souris de toute mon âme. Je le suivis et nous étions pas mal les premiers à attendre devant la petite scène. Je reconnus un jeune homme sur la scène et il me salua, souriant. Je crois qu’il a eu le coup de foudre la première fois que nous nous sommes vus. Et pour être franche, je ne me souviens même plus de son nom! Il était probablement un technicien en son ou je ne sais quoi, car il finissait l’installation des équipements et plaçait le tout au bon endroit. Une voix se fit entendre pour introduire le groupe et celui-ci arriva d’un pas plein d’énergie et commença immédiatement à jouer leurs instruments et chanter. Je ne connaissais pas, mais c’était un groupe de rock/métal doux j’imagine. C’était bien. Rapidement, nous nous fîmes entourer de gens venant écouter la musique et voir le spectacle. Je sirotais mon breuvage tout en regardant le chanteur. Tout d’un coup, son regard se posa sur moi et il sourit, se mit à un genou, jouant de la guitare et chantant sa chanson d’amour… pour moi? Il était là, sur un genou, un sourire charmeur aux lèvres et chantait penché vers moi. Je vis M. Jeleveux geler sur place et moi, je devins blême. Il continuait de se pencher et n’était qu’à un pas de moi. Paniquée, je m’enfuis à pas rapides. J’entendis M. Jeleveux m’appeler, mais j’étais plus vite que lui et me faufilai hors de la grande pièce et tournai plusieurs coins pour perdre, peu importe qui voudrait bien me suivre. Une classe avait la porte ouverte et je m’y réfugiai en silence, déposant mon sac sur le pupitre.

— Il me semblait aussi que je t’ai vu t’enfuir.
Je sursautai bruyamment et me retournai pour voir le jeune homme dont je n’arrivais pas à me souvenir du nom. Il me souriait, amusé. J’étais probablement pourpre tellement j’étais nerveuse et gênée et dans tous mes états. Je serrai mon sac contre moi et accrochai mon verre dans mon mouvement incertain. Il se renversa sur le pupitre, le sol et un peu sur moi. Je lâchai un juron et il vint rapidement m’aider armé d’essuie-tout. Je le remerciai en un souffle et épongeas mon ventre pour enlever le Clamato de mon chandail. Au moins, j’avais une bonne raison de partir!
— Il te trouve de son goût, tu sais.
Ah, mais quelle façon de briser le silence! En me rendant plus inconfortable et gênée que je ne l’étais déjà! Je serrai l’essuie-tout humide et rouge dans ma main et détournai le regard.
— D’accord.
— Tu devrais lui laisser une chance, il est vraiment gentil. Je suis certaine que vous allez bien vous entendre.

Je rougis et regardai le bout de mes pieds. Il avait tout ramassé. Je revis soudainement la scène dans ma tête : il était grand, mince, mais un peu costaud, avait de longs cheveux blond cendré en dreadlocks, des yeux bleus étincelants, comme le bleu de la mer, une barbichette, un piercing au septum, de larges mains comme celle d’un homme qui vit du labeur de ses mains. Il portait un t-shirt noir avec le logo de son groupe de musique et un jean noir un peu délavé. J’avais même remarqué qu’il portait une bague en ce qui me semblait être du tungstène sur son majeur droit et un large bracelet de cuir sur son poignet gauche. Je me surpris à sourire et se fit ricaner le jeune homme dans la pièce qui m’avait observé alors qu’il jetait les papiers souillés.
— Donne-lui une chance. Va prendre un café avec lui après son spectacle.
— Peut-être, oui…
Il fit un signe de la main victorieux et disparut, sortant de la pièce avec un étui à guitare. Je ne savais pas quoi faire, donc je sortis de la pièce. J’avais besoin d’air. Je sortis derrière l’école, dans la cour pavée et m’assied un peu plus loin, directement sur le sol. Je fis le tour de Facebook, d’Instagram, de mes courriels et envoya quelques messages textes à une amie pour raconter ce qui s’était passé. Elle n’en revenait pas et était très heureuse pour moi.

— Je savais que tu ne pouvais pas résister mon charme.
Je sursautai et levai les yeux pour voir mon prince charmant, debout devant moi. Je rougis, ce qui le fit rire de plus belle. Il me tendit la main et m’aida à me lever pour ensuite baiser ma main en me regardant droit dans les yeux. Je détournai le regard, incapable de soutenir son regard embrasé, passionné. Je n’allais pas m’ennuyer!
— Tu es mignonne quand tu es gênée, tu le savais?
— Non…
Bon, me voilà sans mot, moi qui savais toujours trouver la bonne réplique, habituellement! J’étais complètement maladroite et gênée et… sous le charme. Il était très beau, avait ce charme, une aura qui me plaisait. Il ne me quittait pas du regard et je finis par sourire, ne le regardant que du coin de l’œil.
— Tu vas me fixer toute la soirée ou quoi?
— Oui et plus encore!
Je gloussai et remarquai qu’il tenait toujours ma main dans la sienne. Il m’entraîna avec lui, marchant dans la cour sans but précis, juste pour être en bonne compagnie et ne pas me laisser dans mon petit coin. Je me sentais vraiment bien et confortable avec lui, donc je le testais en montant ma main pour le tenir plus près de moi, par le biceps. Il semblait heureux et c’est à ce moment, en levant la tête pour le regarder dans les yeux, que je remarquai qu’il faisait au moins six pieds! Un beau mètre quatre-vingt, comme je les aime!
— Tu es très belle, tu le sais?
Il me regardait à nouveau et nous arrêtâmes de marcher, notre regard s’étant croisé et ne voulant plus se quitter. C’était le coup de foudre, autant pour lui que pour moi et je me sentais comme si je le connaissais depuis des années. J’étais si bien, si confortable en sa présence, sentiment que je n’avais pas ressenti depuis presque un an déjà…
— Tu es très charmant, tu le sais…
— Oui, on me le dit souvent.
Je ris à cette remarque narcissique et puis fermai les yeux, remarquant que je sentais son souffle à la senteur de menthe contre mon visage…

Mais ne sentit rien. J’ouvris les yeux et vis que du blanc. Je baissai le regard et discernai entre mes cils collés que j’étais dans mon lit.
— Non…
Je me débattis contre mon édredon et m’assied toute droite dans mon lit, regardant partout autour de moi. Je tâtai mon lit même, stupéfaite et en colère.
— Non!!
Je ne voulais pas que ce soit un rêve! Je ne voulais pas que ce ne soit qu’un rêve! Je voulais le revoir! Je fermai les yeux et tentai de me rendormir, mais mon cœur était si affolé qu’il me le permit. Je soupirai, sur le bord du sanglot. C’est bien seulement qu’à moi que cela peut arriver. Que je fasse un rêve si réel, que le temps s’écoule comme si j’avais réellement passé une soirée entière à cet évènement organisé par le travail (comme si le travail organisait ce genre de soirée!).
Je suis découragée. Il y a bien que seulement dans mes rêves que je vais rencontrer un homme aussi parfait qui soit autant en amour que ce grand blond l’était avec moi. Je me recroquevillai sur moi-même et sombrai dans un sommeil léger, peuplé de mon propre désarroi et ma solitude maintenant palpable. Je suis si désespérée que je me rêve un homme parfait parce que je n’en ai pas dans ma vie…


Seulement moi. Il y a seulement moi qui peux tomber éperdument amoureuse dans mes rêves et souhaiter que la réalité s'estompe pour laisser place au monde de mes rêves et mes rêves seulement. Je veux retrouver cet homme parfait et je veux que mon rêve devienne réalité… Donc en attendant, je vais rester chez moi et attendre que la déprime me quitte pour revoir mes amis et leur raconter comment je suis désespérée…


vendredi 4 avril 2014

La Mystérieuse Mme Je : You had me at hello.

Une autre. Une autre paie toute dépensée dans des dettes et pas un seul sou pour moi. Bon, je dois l’avouer, je m’étais acheté du DQ et des chips avec l’argent que Mme Mom m’a donné pour m’aider. Et j’ai pu me faire une épicerie plus ou moins décente. Évidemment, j’ai tout mangé ce qu’il y avait dans cette épicerie ou presque, car, on s’entend, après avoir vécu sur des pâtes et du thon et du poulet préusiné panné probablement aussi bon pour la santé que des McCroquettes, on saute sur la nourriture plus tentante qu’on vient d’acheter. Environ 100 $ d’épicerie en deux mois, c’est beaucoup pour une personne? Je ne trouve pas. Ça compte mes boîtes de fruits et légumes pour mes 3 lapins ça… Bon, c’est vrai, avec trois belles petites créatures comme les miennes, on n’est pas seul. Mais on se sent seul dans son petit cœur. Au début, je sortais. J’ai peut-être fait le plein d’essence une fois et demi en deux mois. Et mes parents habitent à une trentaine de minutes en voiture… si c’est moi qui suis au volant. Non, Mme Je n’est pas la plus responsable et calme des conductrices. Même si ça aurait pu me sauver quelques kilomètres en essence, j’ai quand même conduit avec la rage au volant, car je ne suis pas moi-même… Non, je ne suis plus si rongée par la dépression que je l’étais avant. J’ai arrêté toutes mes pilules sauf les nouvelles petites jaunes… que j’ai dû cesser lundi par manque d’argent. Joie. Elles me donnaient de l’énergie et c’est probablement la seule chose qui me gardait de me morfondre. J’avais la présence d’esprit pour me dire « Non, ne penses pas comme ça, tu vas t’en sortir, car tu es bien entourée d’amis et de famille géniaux! » et de jouer à mes jeux vidéos ou écouter les mille et une séries télévisées que je suis. Parce qu’avant ces pilules, c’était assez déprimant…

Mais je dors. Seigneur que je dors! Des fois, je peux dormir une vingtaine d’heures dans une journée. Ma routine de sommeil s’était transformée, pour les deux dernières semaines, à me coucher en matinée et me réveiller en soirée. Je pouvais aisément faire du cinq à cinq. Aisément.

Santé, vous dites? Non, pas du tout. Ça m’a pris un bon deux mois et demi à me remettre de mon infection à la gorge. J’ai pris mes antibiotiques… plus ou moins comme il faut. Comment voulez-vous prendre vos petites pilules magiques quand vous dormez 21 heures d’affilée? Ou bien que vous testez une nouvelle drogue et vous vous retrouvez à perdre des heures à ne faire rien du tout sur Internet en le remarquant qu’après que ces précieuses heures se sont écoulées. Et non, je ne les passe pas accompagnée, ces heures. Je vois mes amis une fois par semaine. Pour tous mes amis. Et, une fois aux deux semaines, je vois mes parents. Avez quelle voiture voulez-vous que je me rende en semi-campagne où l’autobus le plus près est à 14 km et ne passe qu’aux heures de pointe? Alors que M. Dad s’est coupé le bout du doigt? Et que Mme Sœur est SI éprise par son nouvel homme et sa vie d’étudiante et son boulot et son budget serré… et que M. Frère est aussi fauché que vous, la vache! Mais lui, il est réellement mal en point. Ses assurances au boulot ne veulent pas assumer leur responsabilité et le payer alors qu’il s’est fracturé le genou. Comment voulez-vous aller de village en village, en voiture toute la journée, debout, à genoux, accroupis, debout, assis, debout, accroupis, debout, assis, debout? Exactement.

J’étais en train de faire la vaisselle quand j’ai réalisé tout cela. J’ai arrêté de faire la vaisselle et je me suis assise, ahurie. J’ai pensé à Monsieur Jeleveux. Et maintenant, j’ai un serrement au ventre, car je sais que je ne devrais pas rester sur ces pensées et me concentrer sur autre chose, comme la vaisselle tient! Je l’avais commencée parce que je commençais une série de pensées qui ne me seraient pas du tout bénéfiques si j’y pensais trop.

« Pense-t-il à moi des fois? »

Non. Je ne dois pas écouter de Mme Aguilera qui parle de ses relations passées et surtout pas roses. Le serrement d’estomac me reprend, me rappelle que j’ai faim et me donne une indigestion. Sur une banane. Mes INTESTINS n’arrivent pas à digérer une BANANE. Je n’arrive pas à faire passer des FIBRES. N’est-ce pas ça qui donne une bonne digestion et tout?

« Est-ce qu’il se demande si je vais bien? »

Non. J’ai vraiment mal au ventre là. Pourquoi ai-je eu la brillante idée de passer par les panneaux rouge néon arc-en-ciel qui me disaient de faire demi-tour, que c’était stupide et que j’allais me faire du mal? Je le savais très bien et je devrais assumer. Mais assumer de la douleur quand on est si, si près de sauter dans le gouffre une fois pour toutes et y rester…
Mes amis sont géniaux, vous savez. Ils endurent mes humeurs changeantes comme un battement de cils, mes angoissent perpétuelles et, surtout, mon manque d’argent. S’ils veulent me voir, ils doivent se déplacer. Mais ils aimeraient, comme tout bon jeune adulte, aller au restaurant, eux aussi. En bonne compagnie. Parce qu’ils pensent que je suis de la bonne compagnie. En tout cas, je crois. Je pourrais me tromper, mais j’ai fait en sorte de supprimer toute mauvaise personne à ma vie, toute personne qui pourrait amener négativité et angoisses de ma vie… En fait oui, bon, vous m’avez bien eue. Je les ai supprimés de ma liste d’amis Facebook.

« Pourquoi ne me dit-il pas allô? »

You had me at hello. Et voilà. J’y réponds moi-même à mes questions et ça me calme. J’ai mal au ventre, mais mon cerveau est là. Les larmes montent, ça fait mal, mais je sais que c’est un mal pour un bien. TU lui as dit d’arrêter de TE parler. Donc il fait tout simplement ce que TU lui as dit de faire. OUI, TU AIMERAIS QU’IL TE LAISSE TRANQUILLE, MAIS QUE, UNE FOIS, UNE SEULE ET UNIQUE FOIS, IL TE DISE « HELLO ». Because you’ d have me at hello. Une larme roule sur ma joue alors que je ferme les yeux. Ce n’est pas de l’amour, contrairement au film… mais de la reconnaissance… Je n’ai pas le mot, mais je lui sauterais dans les bras en pleurant. Pas de joie, en fait un peu… de soulagement… Moi, je n’ai pas les mots pour dire les sentiments qui feraient vibrer mon esprit s’il me démontrait un tout petit peu d’inquiétude…

Quelqu’un a fait ça pour moi. Monsieur Prince. Et je ne lui ai même pas été reconnaissante. Je suis une harpie. Non, je ne me traite pas ainsi pour me faire du mal, mais pour essayer de me réveiller, de me secouer, de m’ouvrir les yeux sur la triste réalité : je ne ressens plus de sympathie. Je ne ressens même plus d’empathie. Mes amis viennent me voir avec leurs peines et leurs craintes et je les aide tant que je peux… mais mon humeur est si vite à devenir envenimée que je suis rapide à terminer la conversation ou arrêter de répondre ou être tout simplement méchante. Et je m’excuse pour cela, Monsieur Flame. J’espère un jour avoir le courage de venir te le dire, vraiment. De m’excuser pour vrai. Que tu le saches que j’ai vraiment été une sale harpie avec toi et que j’en suis désolée. Je n’ai pas d’excuse pour avoir été aussi méchante avec toi, douleur ou pas. Je blâme tout ça sur le temps. Ça fait 8 ans que j’ai mal, bla, bla, bla. Oui, ça fait longtemps que ma tête souffre, que je ne sois pas bien dans ma peau et que j’essaie, que j’essaie si fort de devenir forte et de pouvoir aider ceux que j’aime et que je peux me supporter moi-même. Eh bien, sans le remarquer, je suis devenue plus forte. Je subviens (presque) à mes besoins seule dans mon propre chez moi avec mes propres animaux de compagnie et mes propres factures à MON nom.

Finalement, je souris. Je souris, car j’ai réalisé à quel point j’ai avancé. Que oui, j’ai encore beaucoup de chemin à faire avec la gestion de mes émotions, les prises de drogues pour stabiliser mon humeur, mes rendez-vous chez les thérapeutes et les médecins et les psychiatres, mon calme intérieur, mes relations interpersonnelles… Je ne vois peut-être pas la lumière, encore, je suis encore dans le noir et mon cœur me fait mal tous les jours; même s’il est en mille miettes depuis belle lurette, on dirait qu’il se brise encore. Comme s’il se réparait durant la nuit et se brisait à mon réveil et continuait de s’émietter toutes les petites minutes qui passent…
J’ai souvent cru qu’il ne restait rien à briser, mais chaque fois je me rends compte que j’ai le cœur gros comme ça et qu’il en faut beaucoup pour en venir à bout, que ce soit côté émotif, santé physique ou mentale, bravant la société que je déteste – anarchique que je suis — ou tout simplement tenir face aux méchancetés qu’on me lance et voir si elles ne viennent pas de moi, même. Bien sûr, j’aimerais les braver avec quelqu’un juste à côté de moi, mais Mme Mom, Monsieur Dad, Monsieur Flamme, Mme Sœur, Monsieur Frère, Monsieur Inquiet, Monsieur PervyMcPerv, Monsieur Philsburry, Mme Neurotic et tous les autres qui me supportent et me sont si chers ne sont pas loin derrière.


Me manque à savoir si Monsieur Jeleveux viendra nous rejoindre ou continuer de faire de l’air….

jeudi 27 mars 2014

La Mystérieuse Mme Je : Poésie ; J'abandonne

Mon cœur bat la charade
Je n’en peux plus de cette mascarade
J’ai mal, ce vide grossit à l’intérieur
Ma vie est un film d’horreur

La folie me ronge les entrailles
Dans mon cœur grossit cette faille
Les larmes se mélangent à mon sang
Je suis morte en dedans

On ne peut plus rien pour moi
La douleur est tout ce qu’on m’octroie
La dépression, la douleur et la mutilation
Sont aujourd’hui mes solutions
Car plus jamais je ne serai au comble de la joie

J’ai écrit un poème. Je crois que je ne me suis pas plongée dans la poésie depuis mon adolescence. Je ne suis pas tellement satisfaite. Je pourrais continuer et continue d’écrire, mais j’ai remarqué que cela n’en valait pas la peine, car il était déjà complet. Et puisque cela n’allège pas la douleur sur mon cœur, ça ne changerait rien. Cela ternirait mon écriture… comme mon image négative de mon âme ternit mon cœur. Chaque battement m’amène plus près à fondre en larmes. Chaque battement me semble comme si mon cœur se serrait d’angoisse. Chaque battement est comme une lame qui se frotte contre mon organe, pompant de plus en plus de sang sur le sol que dans mon système. Et je me sens vidée. Vidée d’énergie, vidée d’amour, vidée de joie… mais que dis-je… quelle joie? Il me semble que mon cœur n’a pas ressenti de joie depuis des décennies, comme si j’étais un vampire qui se réveillait avec son humanité de retour du jour au lendemain.

J’en suis malade. Je ne respire plus. J’ai envie d’être malade. Mon corps réagit alors que je ne devrais avoir aucun symptôme physique. Ce n’est pas mon corps qui est malade, c’est mon âme, ma tête. Alors pourquoi me sens-je si faible, ai-je cette douleur à la poitrine comme si j’allais faire une crise cardiaque à 23 ans? Je sens mon pouls. Mon cœur bat très fort, mais à un rythme régulier, certes un peu plus rapide qu’à l’habitude, mais je ne crois pas qu’il y ait quoi que ce soit d’inquiétant là-dedans. Ma respiration est profonde, lente, comme si mon corps était des plus calmes alors que mon cœur bat si fort, essayant de briser mon sternum, sortir de sa cage. Il veut être libre de cette douleur et en a assez d’être le souffre-douleur du cerveau. Il veut être libre et vivre sa vie. Je crois que c’est pour cela qu’il fait si mal…

C’est un cri à l’aide, suffoquant sous l’emprise du cerveau. L’un ne peut vivre sans l’autre, mais c’est le cerveau qui dicte tout, c’est lui qui prend les décisions. Le cœur, lui, travaille sans relâche pour aider les autres. Le cerveau n’a pas besoin d’aider les autres s’il n’en a pas envie. Il a qu’à envoyer une onde de choc pour les faire s’arrêter, s’engourdir, ne plus pouvoir bouger, et ce même si le cœur travaille comme il se doit. Ce que je me demande et que je ne comprends pas, c’est le pourquoi… Pourquoi est-ce que le cœur continue depuis tant d’années à endurer, mais persévère toujours sans problème? Il endure toutes les sautes d’humeur du cerveau alors que lui n’est jamais là pour le cœur! Où était-il alors que le cœur se faisait éclater en mille morceaux après ces quelques ruptures? Bien sûr, les premières fois il était là, mais ces dernières fois, on dirait qu’il s’en fiche… Comme si lui en avait eu assez de travailler et laisse maintenant les autres en subir les conséquences. D’où vient ce cout poème expliquant qu’être le cœur dans toute cette douleur est la seule issue. Car le cœur persévère et continue de travailler.

Alors pourquoi est-ce que mon cœur n’est pas malade? Je ne comprends pas comment il n’est pas empoisonné par mon cerveau cadavérique…

La Mystérieuse Mme Je : Je veux être aveugle.

                Et moi qui me disais, il y a plusieurs années, que ça passerait, car j’étais forte, j’étais jeune et la vie me souriait…
Tout ça était faux. De faux espoirs, une tendance à la paresse et une âme tourmentée sont les causes de ma maladie. « Mais arrête de penser comme ça, c’est déprimant! Come on, cheer up! » Vous allez dire à un cancéreux « Allez, ne soit pas découragé, si tu veux, tu peux! Alors, guéris et c’est tout! » Non, ce n’est pas aussi simple que cela. Peut-être êtes-vous chanceux, vous et votre tête en bon ordre, votre tendre innocence vous sauvant des cruautés fastidieuses de ce monde.

Je ne suis pas aveugle et, après autant d’années de douleur et de vérités, j’aimerais être aveuglée par de doux mensonges. Je ne veux plus voir la vérité en face. Je ne veux plus être intelligente et deviner que cette mascarade tenue par le monde entier n’est que pour asservir; je veux être asservie et tout oublier. Oublier les first world problems, oublier qu’on essaie toujours de nous asservir pour qu’on puisse servir; pas notre cause, la leur. Et si seulement je pouvais tout recommencer et décider de fermer les yeux, de fermer mon cœur aux autres et de simplement vivre dans ce monde égocentrique, devenir plastique, ne faire un avec l’utopique… Si seulement je pouvais être conne.

Mais je ne le suis pas. Je suis faible et petite et si abusée de mes propres sentiments, de mon propre corps. Ah, mais pour ça, chère Société, vous avez bien réussi. Vous avez réussi à percer ma carapace sous forme de Monsieur Ménestrel pour me montrer que je dois acheter tous ces produits cosmétiques, je dois m’habiller à la dernière tendance et je dois surtout démontrer mes courbes aux autres, car les Grands Hommes de ce monde auront quelque chose à regarder alors qu’ils fourrent ma vie par tous les sens possibles et me laissent détruite parce que j’ai décidé d’ouvrir les yeux et voir que, finalement, la vie, c’est moche. C’est moche et je ne fais que me faire piler dessus, car j’aime trop. J’aime trop et les gens, eux, n’aiment qu’eux, au fond, car sinon ils ne feraient pas autant de mal autour d’eux, se justifiant par Me, Myself and I. Mais non, je ne suis pas parfaite. Moi aussi je blesse. Moi aussi j’ai mes élans de Me, Myself and I. Je suis humaine après tout et je veux tant être comme tous les autres pour ne plus souffrir. Je ne veux plus voir la vérité, crevez-moi les yeux! Je ne veux plus être témoin de votre perfidie, je veux devenir cette blondasse qui ne sait rien sauf comment appliquer le bon rouge à lèvres assorti à la bonne robe avec la bonne longueur appropriée pour la bonne occasion. Je veux devenir cette femme parfaite à marier, qui aime se faire payer un repas, qui fait des enfants pour faire monter l’économie et acheter des couches jetables parce que, allez, c’est dégoûtant du caca, il faut mettre ça aux poubelles! Et puis la solution pour bébé c’est bien meilleur que du lait maternel. Franchement, des lèvres sur des seins ne devraient être que des maris pervers sur les nichons parfaits de leur femme en plastique!

Je n’en peux plus. J’en deviens folle, hystérique. Et je veux tellement être normale, être asservie que j’accepte ce que les médecins me balancent : diagnostiques un par-dessus les autres réglés par de bonnes capsules pleines de je ne sais pas encore quelle drogue pour me mettre le cerveau sur le neutre et me laisser emporter par la foule. Et oh, cette culpabilité qui vient me chercher d’être inutile à la société, une vaux rien qui est sur l’assurance, qui laisse tous les autres bons travailleurs moutons blancs payer pour ma paresse, que dis-je, ma larve de personne!

Peut-être que ce philosophe que je détestais au CÉGEP avait raison. Peut-être que l’homme, en société, devient un être du mal, car en société, il y a une hiérarchie, ce qui veut dire que quelqu’un vaut plus qu’un autre alors que nous sommes tous fait de chair et d’os. Mais, personnellement, je ne crois pas que l’homme est fondamentalement bon comme lui. Je me considère (ais?) comme une bonne personne et j’ai tout de même des pensées noires, je fais tout de même mal à autrui et, des fois, j’en suis heureuse, comme Satan qui regarde la Vierge succomber aux tentations qu’il lui offre sous forme d’homme aux hormones dans le tapis. Nous ne sommes pas une race bonne. Nous faisons du mal à nos confrères et consœurs, nous détruisons l’environnement pour de l’argent, un bout de papier ou de métal QU’ON lui attribue du pouvoir. Nous tuons sans remords, nous créons des armes de destruction massive comme « protection », mais sans intentions de faire du mal, pourquoi aurions-nous besoin de protection contre nous-mêmes?


Je n’aime pas l’être humain. Je n’aime pas ma race. Je n’aime pas ma vie. Je n’ai pas envie de vivre dans une société aussi corrompue avec des gens qui abdiquent que parce que la majorité le fait.