Les rêves
peuvent nous tirer de nos douleurs et nous pousser à avancer. Avec la
dépression, c’est plutôt difficile de se concentrer sur nos rêves, car c’est
difficile de vivre autre chose que de la douleur, de l’épuisement et du manque
de motivation. La déception de soi est une activité quotidienne et ça, ça
détruit les rêves à coups de matraque. J’avais des rêves de devenir médecin
légiste, d’aider la société à trouver les coupables d’actes horrifiques, de
rendre justice aux victimes et leur famille. J’ai le cœur pour voir, sentir et
toucher des morceaux de chair, des organes et des fluides corporels. Je n’ai
toutefois pas la tête, la santé mentale à survivre à tout ce stress d’être
médecin. Sauver des vies me compléterait, me donnerait une raison de vivre,
mais perdre un patient et avoir de l’épuisement à travailler de longues heures
me tuerait. Mes rêves se sont écroulés avec le dur choc de la réalité ; mes
problèmes de santé mentale ne me permettraient pas d’être médecin.
J’étais donc
de retour à la case zéro. Mes rêves détruits ; que me restait-il? Je me mis à
penser à mes buts à long terme ; pas à ma carrière, mais à ce dont j’aimerais
accomplir dans ma vie. Ce dont je rêve depuis que je suis petite. J’ai toujours
rêvé d’opérer un café. J’ai toujours adoré les chiens. Je me suis créé, dans ma
tête, cette idée originale d’un café avec chiens, où les canins seraient
bienvenus à venir manger des petits biscuits santés fait maison alors que leur
humain viendrait prendre un bon café équitable. Ce serait un rêve que
j’aimerais accomplir, mais je me suis toujours mis des bâtons dans les roues en
me disant que ça coûtait trop cher, que je ne savais pas budgéter, donc que je
mènerais mon entreprise à la faillite en le temps de le dire. Mais, en
retournant à l’école plus tôt cette année, j’ai découvert que j’avais une
facilité avec les mathématiques si je m’efforçais moindrement. Si je
travaillais à mon rythme, je pouvais aisément faire un mois et plus de travail
en huit ou dix heures. Ce n’est pas de l’égocentrisme de savoir ses forces. Je
suis douée pour les matières scolaires, pour la réussite académique. Je ne suis
pas hautaine ; je suis rationnelle et je sais ce dont je suis capable. Et je
suis capable de réussite académique plus haute que la moyenne. Avec plus de
facilité. Je suis chanceuse d’avoir cette facilité.
C’est
pourquoi j’ai toujours voulu faire des études supérieures ; c’est sur ma « bucket
list » depuis que je suis enfant. Je me suis toujours dit que j’allais
obtenir un doctorat à un certain point dans ma vie. Maintenant, je sais que je
veux aller à l’université, mais je ne sais pas si c’est un doctorat que
j’obtiendrai…
Autre rêve
que j’ai depuis que je suis jeune adolescente. J’ai découvert à un âge plus ou
moins respectable que les fourrières n’avaient souvent pas d’autre choix que de
faire de la place pour des animaux qui seraient plus facilement
« adoptables ». Donc, ils devaient faire des euthanasies de masse.
J’ai pris une résolution de m’ouvrir un refuge pour animaux où aucune euthanasie
sera prodiguée… sauf celle de compassion si l’animal n’a aucune chance de
survie après maltraitance ou maladie. J’irais au secours des animaux qui
seraient mis à mort injustement, car trop de familles abandonnent leurs
animaux. J’irais chercher ces pauvres créatures dans les refuges à haut taux de
mise à mort et je les amènerais dans mon refuge jusqu’à ce qu’ils trouvent leur
maison permanente. Un refuge, par contre, ça n’amène pas de revenus. Ça coûte
de l’argent à entretenir, à partir. Donc j’ai deux projets coûteux. Il me
faudra un emploi avec un assez bon salaire que je puisse subvenir à mes rêves.
Et j’ai trouvé la solution quasi parfaite ; pourquoi ne deviendrais-je pas
vétérinaire ? Je pourrais ainsi traiter les animaux moi-même au refuge, je
pourrais faire de la promotion pour mes services à mon café et j’aurais un bon
revenu! J’ai les notes pour être acceptée à l’université dans ce domaine, j’ai
la motivation et surtout l’amour à prodiguer pour un tel métier. Non, pas
métier ; pour moi, ce serait une vocation. Une passion. Je travaillerais avec
des êtres pour lesquels je donnerais tout, pas juste les chiens ! Je veux être
spécialiste de toutes les petites créatures ; sauvages et domestiques,
exotiques et communes. Je veux que les portes de mon refuge soient ouvertes à
toutes les petites et grosses créatures ayant besoin de mon aide et je veux que
ma clinique -oui, je finirais par ouvrir ma propre clinique vétérinaire- n’ait
pas de restriction. Aucun favoritisme ! J’ai de la place dans mon cœur et dans
ma vocation (future) pour tous ! Même les animaux de ferme, incompris et
souvent oubliés. Ce sera beaucoup plus d’études, mais ça en vaudra totalement
le coup.
Ce sera
difficile, je n’en doute pas. J’ai encore des inquiétudes face à ces plans, car
c’est beaucoup de travail, beaucoup d’anxiété et, surtout, beaucoup d’argent.
Je vais devoir sortir de ma zone de confort et déménager loin, probablement
très loin, de chez moi. Seulement cinq universités au pays offrent le programme
d’études vétérinaires. La plus près est à presque trois heures de chez moi. Je
ne suis pas du genre à changer d’environnement, je déteste ça même. J’adore
voyager, mais, après un moment, je suis plus qu’heureuse de retourner dans mes
choses, dans mon environnement routinier. Je suis prête à me lancer dans
l’aventure. Ce n’est que dans deux ans et demi, de toute manière, car je vais
devoir terminer mes préalables pour les programmes de sciences avancées et
avoir les meilleures notes possibles ; la médecine et les études en sciences
animales font partie des domaines les plus contingentés. Surtout puisqu’il n’y
a que cinq universités au pays qui offrent le programme ! Et je vais devoir
vérifier pour mes spécialisations pour m’assurer de choisir la bonne
université. Tout viendra en son temps. En attendant, je ne lâche pas prise, je
ne perds pas espoir ! Je prends mon temps, je fais les choses à mon rythme, car
tout le monde n’avance pas à la même vitesse.