vendredi 19 octobre 2012

La Mystérieuse Mme Je : Arrêt de travail, trou dans mon coeur

Je me demande quoi faire de ma peau. Je me demande ce que je vais faire les jours où je suis privée de travail et que tous autour de moi n'irritent. Je n'ai plus envie de responsabilité, je n'en peux plus de me décevoir. Ils attribuent cela à mon traumatisme... parce que j'ai perdu mon bébé, parce que j'ai vécu une agression rare qui ne devrait pas arriver à personne... mais nous habitons dans un monde cruel. Je sais ce que j'ai vécu et je sais ce que j'en ressens. Je n'en ressens rien. Rien du tout. Mon bébé me manque, il y a un trou béant dans mon coeur qui me laisse envieuse de rien et de tout en même temps. Qui me garde ronchonneuse et irritée et triste et... et... et...

C'était un beau matin. Je me préparais. Je me préparais parce que je retournais finalement au travail après un long congé. Un long congé mérité même si la plupart pensent que je n'ai que profité du bon temps et du beau temps. Pfeuh...
C'était un beau matin et je sortais de la douche. Un matin chaud, mais ma douche l'était encore plus. J'adore les douches brûlantes et rien de mieux pour se réveiller et se mettre en forme pour le boulot ! Je m'étais fait un sandwich Nutella et beurre d'arachides, mon sandwich favori. Surtout pour déjeuner. Un bon gros verre de lait en plus ! Moi qui n'aime pas le lait...

Je l'entendais trembloter, mais je n'en fis rien. C'est normal après tout, un nouveau matou partageait maintenant notre espace. Je l'aimais bien, cette grosse boule d'énergie et de muscles. Elle me suivait partout en hurlant de bonheur, me fouettant les cuisses de sa longue queue telle un fouet. Mademoiselle Terra me comblait bien et ne semblait pas trop s'ennuyer même si elle était séparée de Madame Soeur. Mon bébé, lui, un peu moins. Il était intimidé par ce corps beaucoup plus gros que le sien. Il était terrorisé par toute la puissance et la confiance qu'exhibait Mademoiselle Terra. 

Puis, alors que j'appliquais le crayon noir autour de mes yeux, j'entendis un grognement sourd. Je me suis retournée juste à temps pour voir mon bébé essayer de se frayer un chemin jusqu'à moi ; le voilà dans le cadre de porte, regarder le gros boxer américain qui plongeait déjà sur son petit corps chétif... Un cri s'échappa de ma gorge alors que j'échappai mon crayon dans le lavabo, n'y faisant guère attention... Mon attention n'était portée à nulle autre que Mademoiselle Terra qui prenait mon pauvre bébé entre ses crocs. J'étais déjà plongée sur elle, la prenant par le collet... mais elle est si forte qu'elle me repoussait en secouant de la tête seulement, envoyant mon pauvre petit bébé se cogner violemment sur le mur, sur la tête de lit. Je criais de toutes mes forces, tirais sur son collet alors que l'autre main, elle, tentait d'amortir les coups à mon bébé. D'un coup d'épaules, la chienne me projeta contre une table de chevet. Je revins rapidement à la charge en lui hurlant d'arrêter, ne sentant aucune douleur alors que ses griffes arrières me lacéraient le flanc gauche lorsque je la pris par le collet et tirai. Je glissai mon autre main courageusement dans sa gueule puissante pour la forcer à lâcher mon bébé. Il réussit à s'enfuir en-dessous du lit alors que moi je tirais encore sur le collet de toute mes forces. J'ouvris la porte et la poussai dehors, toujours en criant. Je m'effondrai au sol en pleurant, criant au désespoir. Alors que les images de mon pauvre petit bébé secoué dans les airs dans cette puissante gueule, la porte s'ouvrit et cogna fortement dans mon dos. Je fus assez rapide pour la prendre par la poitrine et la repousser en criant de rage. Je n'avais plus peur, j'étais enragée qu'elle OSE pointer à nouveau le bout du museau chez moi. Je la poussai si brusquement dans le vestibule que j'en eus de la difficulté à ouvrir la porte extérieur pour l'y envoyer l'intruse. 

De retour à l'intérieur. Les deux portes fermées. En sécurité. Je sens un liquide chaude recouvrir mon visage d'une couche épaisse. J'entends toujours mon petit bébé crier de douleur sous le lit. Je vais à l'autre bout du lit et l'appelle doucement, secouée de sanglots. Je l'appelle et je sens ma mâchoire molle, j'en ai de la misère à articuler. Il y a de l'urine et des selles partout ; le pauvre a eu si peur qu'il s'est échappé partout. Je le prends dans mes bras et le berce un peu alors que je ramasse quelques selles à l'aide de papiers hygiéniques. Je sors ensuite avec hâte, ne voulant pas croiser l'agresseur. J'entre rapidement chez Madame Mom en sanglotant bruyamment, en respirant difficilement. Je l'entends m'identifier à Madame Soeur alors que j'arrive à leur hauteur. Madame Soeur s'est déjà levé de son siège, alarmée par mes sons inquiétants. Tout de suite, elles crient de surprise et s'approchent de moi, se demandant ce qu'il s'est passée. Je suis si secouée par les évènements que je n'arrive qu'à leur dire "Il a bobo, est-ce qu'il est correct ? Prenez soin de lui !!"

Madame Mom de le prendre de mes bras et Madame Soeur de me diriger vers la salle de bain alors que Mademoiselle Terra entre par la porte que j'ai mal fermée et grogne... je me mets à crier, reprends mon bébé qui recommence à crier de terreur et m'enferme à clef dans la salle de bain, tremblant tellement que j'en tenais à peine debout. J'entends Madame Soeur me rassurer qu'elle ne peut plus entrer, que tout est fermé et de les laisser entrer. J'ouvre la porte et Madame Mom entre à nouveau. Je peine à respirer, je vois noir, je suis en pleine crise d'anxiété et je serre, je le serre contre moi. Madame Mom me le prend des bras et me répète, les larmes aux yeux, de m'asseoir. Me genoux cèdent et je me retrouve assise en position foetale sur le carrelage froid. 

"Oh, ma pauvre, que t'est-il arrivé au visage, tu saignes !"

Je me déshabille en gémissant, disant que j'ai des excréments partout et Madame Soeur de pointer mon flanc en sang d'un doigt terrifié. Elle s'enfuit rapidement alors que moi, je m'accroche au lavabo, regardant mon visage tuméfié dans le miroir, la bouche en sang, le flanc déchiré et je leur racontai ce qui s'était passé...

Un trou béant dans mon coeur depuis que ceci est arrivé et que nous avons dû nous départir d'un membre de la famille... Nouveau membre de la famille, mais on ne l'aimait pas moins. Et voilà le trou dans mon coeur qui m'empêche d'aller travailler, qui m'empêche de m'amuser et de sortir. Quand je vois des gens, j'ai toujours envie de leur grogner après pour les éloigner, car si le trou dans ma poitrine s'élargit, je ne pourrai plus le supporter et vais crouler de l'intérieur. Madame Terra me manque et Monsieur Coco est traumatisé, mais va mieux. Le vétérinaire a dit qu'il était un battant.