samedi 23 novembre 2013

La Mystérieuse Madame Je : Réincarnation

Elle est revenue. Celle dont je croyais m’être noyée sous ma tristesse et la pitié que je portais pour moi. Elle est de retour… avec un certain prix. Je croyais m’être perdue à jamais. Cette fille capable d’aimer plus qu’elle s’aimerait elle-même, cette fille prête à tout sacrifier pour ses proches et elle en sacrifierait même beaucoup pour des inconnus. La dépression a pesé fort sur mes épaules sur les dernières années et ma maladie a commencé à se faire voir peu à peu jusqu’à ce que je me dise que je ne peux continuer de me faire mal ainsi, de me tuer à petit feu même si l’on m’a dit que je n’allais probablement pas voir le cap de mes 40 ans… pas de petits enfants… pas de retraite… pas de rêve réalisé. Je suis toujours une petite fille et le serai toujours, car même si j’ai retrouvé ma personnalité enflammée, aimante, généreuse, cela ne m’empêche pas de garder ma fragilité et mon innocence, ma créativité.

Le prix à payer était cher. Les gens qui ne voient pas, les aveugles de ce monde qui ne voient que le bout de leur nez ou bien qui font un blocage sur tout ce qui les entoure n’ont pas ce genre de prix à payer et vivent dans l’ignorance de ce que c’est que d’être en vie, véritablement. Il faut effectivement souffrir, tomber, s’érafler les genoux, se déchirer la peau des mains, se cogner la tête et se faire pousser pour s’ouvrir les yeux. On n’en ressort pas ou bien on devient un véritable chef-d’œuvre; on devient la personne que nous voulons être ou bien nous savons que nous sommes meilleurs et nous améliorerons toujours. J’étais en chute libre pour les huit dernières années de ma vie. C’est plus que le tiers de ma vie entière! Je m’accrochais et m’écorchais sur les falaises acérées, dures, tranchantes et brutales. Et puis la thérapie a commencé. La médication. Moi qui ne voulais jamais régler ma vie avec la médication, me voilà incapable de survivre sans. La dernière augmentation il y a quelques semaines suivant ma séparation abrupte m’a fait me détacher complètement de ma personne. Je n’étais plus triste. Je ne ressentais plus de douleur. Certes, je me sentais seule après un an de vie commune, ce qui n’est que normal. Je me sentais bien… quoique je me sentais vide, mais je gardais les yeux fermés. Ce choc si dur, si soudain était trop difficile. C’était trop difficile de vivre avec ça sur le cœur. Donc j’ai tout fermé. Je n’ai rien ressenti pendant un bon 3 jours. Rien. Rien du tout. Je semblais normal, je souriais, je faisais des blagues et je disais que je me sentais seule, je manipulais, j’étais arrogante. Une personne normale, quoi. Mais je ne ressentais rien en dedans. Plus les jours passaient, plus je ressentais, mais avec détachement. Comme si mes sentiments n’étaient pas réels. Sauf la colère. La colère venait me chercher, me faisait bouillir en dedans. Mais j’ai appris alors que je chutais que la colère ne sert qu’à se faire du mal et avoir honte de soi par la suite. Donc je vais me coucher quand je suis en colère et lors de mon réveil, je ne ressens plus de colère. Je peux être amer, mais pas frustrée. La preuve que dormir sur une idée nous guide vraiment.

Le prix à payer est grand. Trop grand pour la nouvelle moi. Une chance que le prix à payer est pour l’ancienne moi. Celle qui était forte et prenait le tout avec brio. Bon… c’est certain que je retiens encore beaucoup du caractère que je me suis forgé durant les huit dernières années, comme le fait de me laisser le droit de pleurer pour laisser sortir les émotions et comprendre ma douleur. Je pleure là. Oui, oui, en ce moment même. Je pleure, car le futur parfait que je m’étais fait avant d’ouvrir les yeux, avant de comprendre de quoi est vraiment fait ce monde, a disparu et ne pourra être réalisé en totalité. Depuis toute petite et jusqu’à la fin de mon adolescence, j’étais certaine comme l’eau de roche que j’allais me marier avec mon prince charmant à mes 23 ans, que j’achetais ma maison à mes 25 ans, et que j’aurais mon premier enfant à 29 ans avec mon doctorat en main. Me voilà à 23 ans, seule, de retour chez Monsieur Dad et Madame Mom, car ma vie commune ne fonctionnait plus, ne faisait plus son affaire. J’étais trop difficile à vivre avec. J’étais trop malade. Maintenant que je me sens mieux, il ne veut plus de moi, car je l’ai trop blessé de mon ignorance, de ma propre douleur et de ma dépression, mes chicanes, mes irritations, mes défauts. Mais je ne suis pas qu’ignorante, en douleur, dépressive, toujours en train de me chicaner, irritée et je n’ai surtout pas tous les défauts du monde. Je suis parfaitement imparfaite. Je suis humaine et je suis heureuse d’être en vie. Je ne pense plus à me faire du mal. Je ne pense plus à en finir avec ma vie parce que c’est trop dur. Je sais que c’est difficile et qu’il va encore y avoir d’autre bas. Mais je suis entourée de personne que j’aime et je comprends maintenant comment je fonctionne, quoi faire pour me sentir mieux, pour essayer de ne me frustrer sans aucune raison ou pour de petites conneries.

Le fait qu’il aille à l’hôpital a réveillé en moi ma compassion, mais, surtout, mon amour pour lui… Monsieur Jeleveux a fait une crise d’appendicite. Deux jours à l’hôpital. Une opération. Je suis allée le mener à l’hôpital pour 8 h du matin à au moins une demi-heure de route ou même presque une heure. Nous avons passé quatre heures là et j’ai dû déplacer ma voiture de la rue à deux reprises, car il y avait un maximum de deux heures de stationnement. La deuxième fois que je suis allée déplacer ma voiture, j’ai allumé le chauffage avant de partir, mise la musique pour ne pas me geler les doigts ni les orteils et la voiture de la ville s’est stationnée derrière moi, prête à me donner une contravention. Je suis partie en souriant. La seule chose qui m’a fait sourire de la journée. Ça et savoir qu’il n’était plus en douleur constante. Je n’avais pas dormi plus de 20 minutes cette nuit-là. Beaucoup trop inquiète pour rien… vraiment rien… En fait, j’étais inquiète, car je me réveillais de mon inertie. Tous mes sentiments, ma personnalité, tout ce qui me représentait avant se réveillaient et je ne me sentais pas bien. Que faire dans ces situations? Du bénévolat. Je fais du bénévolat tous les vendredis pour une femme que je connais. Elle ouvre sa propre petite compagnie pour fournir fruits et légumes biologiques/organiques aux gens. Elle veut faire de la sensibilisation pour des fruits et légumes bio et, la voyant enceinte, je ne pouvais la laisser porter ces grosses boîtes, parler à tous les clients, s’assurer qu’ils aient correctement leurs gratuités de la semaine.

Je n’ai pas encore dormi. Je me dirige chez moi par la suite. Je reçois un appel. On l’opère. Je dois aller lui chercher des papiers au boulot pour sa convalescence. Je pars donc plus tôt que prévu et me dirige à l’autre bout de la ville pour faire cela pour lui. Je commence à comprendre… mais je ne veux pas me l’avouer. Pourquoi ferais-je cela pour un homme qui n’en a plus rien à foutre de moi? Il reste toutefois très gentil à mon égard, certes… mais il est toujours mal à l’aise en ma présence. Je me propose bien sûr pour faire toutes ces choses-là pour lui. Je retourne ensuite à l’hôpital, celle-ci beaucoup plus près, m’attendant à ne pas le voir avant son opération… mais j’arrive juste à temps. En même temps que l’infirmier de chirurgie vient le chercher. Je les suis donc, la civière et les parents de Monsieur Jeleveux. L’infirmier est très gentil, sent ma nervosité et m’inclut donc à la conversation avec un sourire chaleureux.
— Et c’est qui elle? Ta sœur? Ta blonde.
Petit silence avec un léger malaise alors que l’infirmier me regarde, que le père de Monsieur Jeleveux me regarde et sa mère regarde son fils.
— Mon ex.
— Ton ex! J’en veux une jolie ex de même moi aussi, qui vient s’assurer que je vais bien avant de me faire opérer!
Je souris. Je rougis. Je regarde MON ex qui m’évite évidemment du regard et rit de malaise. Il sait que l’infirmier a raison, mais sait aussi qu’il ne veut plus de moi, peu importe ce que je fais pour lui.

Ça fait mal, c’est certain. Il ne s’appelle pas Monsieur Jeleveux pour rien… Je ressens la douleur, mais l’accepte. Je laisse mes larmes couler alors que je me dis « Pourquoi je fais tout cela pour lui ? » Parce que je suis généreuse et gentille de nature. Je suis une mère innée. Je veux prendre soin de tout le monde et m’assurer que tous vont bien. Voilà pourquoi ça vaut la peine même si je dois à nouveau surmonter mon amour pour lui, me dire qu’il ne plus mien… et il faut surtout que je comprends que je ne suis plus sienne. Je veux qu’il le comprenne aussi, mais je suis pas mal certaine qu’il l’a déjà fait en me délaissant. Je lui en veux. Bien sûr que je lui en veux! Il a détruit mon avenir. Il m’a laissée tomber comme tant d’autres. Il a brisé le cœur qu’il a juré protéger. Il a brisé sa promesse me disant qu’il ne me laisserait pas à cause de ma maladie…


Mais il m’a ramenée à la vie. Et je lui en suis infiniment reconnaissante. Je me sens seule, c’est certain. Mais, au moins, j’ai du temps pour moi. Je vais entreprendre des projets qui me plaisent. Faire des activités qui me plaisent. M’entourer de gens qui m’aiment pour qui je suis, peu importe mon état de santé et j’ai tellement de gens qui m’aiment et que je n’ai pas aimés à mon retour… Je vous aime. Ne l’oubliez pas. Je ne vous le dis pas assez souvent, je ne vous vois pas assez souvent non plus. Mais je vais bien. Je suis triste, mais je vais bien. Ne vous inquiétez plus pour moi. Je vais survivre, car j’en ai envie.

dimanche 29 septembre 2013

La Mystérieuse Madame Je : Écrire dans son lit sur son cellulaire =

Écrire d'un téléphone portable.
Ce n'est pas facile, mais ça doit faire lorsqu'on n'a pas le choix. Cette nuit, je n'ai pas le choix. Je ne suis pas seule, Monsieur Jeleveux est dans l 'autre pièce et je ne veux pas qu'il me voit ainsi. Non, je ne suis pas en larmes. Non, je ne tremble pas. Physiquement, rien ne semble clocher. J'étais même en pleine forme toute la journée. C'est justement ce qui m'inquiète. Je sens que ce n'est pas de la vraie motivation, de la vraie bonne humeure. Je sens que c'est seulement ma maladie qui prend le dessus, que je suis sur le haut de la coline de cette montagne russe qu'est ma vie. Je sens que dans quelques temps, quelques jours, je vais me retrouver en chute libre vers le fond du gouffre, comme tous les ans. J'ai peur d'entreprendre quoi que ce soit, car je sais que je vais l'abandonner ou je ne vais pas réussir. Je ne finis jamais rien, mais c'est pourtant tout ce dont je rêves !

J'aimerais avoir tord. J'aimerais que tout cela change avec les pilules et les thérapies. Je déteste les médicaments, mais je n'ai pas le choix présentement, je n'ai pas la force de meforcer à ingèrer des potions naturelles et proférer des rituels guérisseurs. J'aimerais essayer, mais je ne veux pas abandonner. Je ne suis pas encore prête. Quand j'aurai la certitude que je ne suis pas que dans "une bonne passe", je vais essayer. Je vais faire du hot yoga, je vais faire du bouldering, je vais retourner au gym, je vais acheter que de la nourriture organique, je vais faire du bénévolat, je vais retourner aux études, je vais lire et je vais écrire tous les jours. J'aimerais avoir le temps, la patience, la volonté et l'argent pour tout faire, mais la vie est loin d'être parfaite.

Si ce n'est pas ma maladie qui me joue un mauvais tour, aujourd'hui était un merveilleux exemple de ce dont je suis capable de faire et créer ! J'ai fait une tonne de ménage, je suis aller prendre une marche santé avec Monsieur Jeleveux et regardez-moi ! J'écris ! Bon, je suis couchée dans mon lit et sur mon cellulaire, mais j'écris tout de même et j'ai mille et une idées de projets que je prends en note, car je sais que ce sont de bonnes idées. Si je ne les utilise pas, peit-être qu'un jour quelqu'un le fera à ma place ! Me revoilà de bonne humeur... et je dois me coucher.

Sur ce, bonne nuit et de beaux dodos à vous ! La nuit porte conseil et, de mon côté, les rêves sont géniaux, hi, hi !

vendredi 27 septembre 2013

La Mystérieuse Madame Je : Les Rêves Sont Géniaux

Me voilà prisonnière de ce donjon. Je n’ai aucune issue, je n’ai aucune arme pour me défendre, je suis seule au monde et personne ne me cherche, car ils m’ont tous abandonnée… Je suis là, attachée au mur par mes poignets en sang et, oh, comme ça fait mal! Je sanglote en silence, ne voulant pas attirer l’attention de mes bourreaux alors qu’ils préparaient je ne sais quoi encore pour me torturer. Après m’avoir fait perdre mes amis en les retournant contre moi, ils ont ensuite retourné le peuple contre moi, comme si j’étais traître à ma nation. Moi et mon grand cœur, je savais que ça n’allait pas m’amener que du bien! J’entends des pas dans l’autre pièce, un rire sinistre. Je frissonne, ne veux pas savoir la suite. Je veux tout simplement fermer les yeux et disparaître… mais mes yeux étaient grands ouverts. Ils virent facilement ce grand homme chauve au dos durci par sa posture croche, ses dents noires laissées à pourrir ainsi que ses larges mains menaçantes et pleines de cicatrices, prêtes à me faire subir toutes sortes de torture que pour son propre plaisir. Il vint s’assoir tout simplement sur un petit tabouret devant moi et me fixait. Mes poignets devraient disloquer d’un moment à l’autre, ça faisait tellement mal! Ma grimace faisait comprendre à mon bourreau que de pendre par mes poignets était un supplice dont je n’allais bientôt plus pouvoir supporter. Je crois que c’est exactement pourquoi il s’asseyait devant moi. Il voulait voir ma douleur et s’en nourrir.

Je ne le regardais pas, je n’en étais pas capable. Je fermais les yeux et laissais ma tête pendre contre ma poitrine, mes larmes mouillant ainsi mon chandail déjà sale de plusieurs jours. Mon état m’écœurait. Pas seulement ma douleur, mais ma puanteur et mon manque d’espoir aussi. Je m’abandonnais à eux, n’étais plus qu’une petite boule maigre de famine et de désespoir. Je ne bougerai plus. Je n’ai même plus envie de me sauver. Je veux que tout cesse, donc je ferme les yeux…

Un craquement de fouet me fit sursauter. Les yeux grands ouverts, je regardais sans comprendre la scène qui se déroulait devant moi. J’étais haute, au niveau du plafond, dans un coin de la pièce. J’étais incapable de bouger ou de sentir mon corps… mon corps! Je me regardais d’un coin sombre de la pièce! C’était bien moi qui avais sursauté et qui regardais avec effroi l’homme armé d’un fouet s’approcher de moi… mais je me regardais. Je me regardais supplier la personne qui tournait autour de moi de ne pas me faire de mal, de faire preuve de pitié, car je n’en pouvais plus. C’est aussi le genre de réaction que je pourrais avoir, mais je ME REGARDE! Je ne dis pas ces paroles, je ne ressens pas ces sanglots secouer ma poitrine, mais je le vois, je sais que c’est moi, mais je suis ici dans un coin de la pièce, haute pour pouvoir tout voir sans en manquer une miette. Je ne sens rien, physiquement. J’ai envie de me débattre et d’essayer d’aller m’aider, mais je ne semble pas avoir de corps… je ne le sens pas du moins, si j’en ai un. Alors que l’homme armé est derrière moi, il lève son fouet en riant de plaisir et abat le fouet…

— Aoutch!
Je ne pus m’empêcher de crier à tue-tête et plaquer ma main contre ma bouche par la suite, car il faisait noir. C’était la nuit! Je me retourne et c’est Monsieur Jeleveux qui me regarde d’un air fatigué, mais surpris et quelque peu irrité.
— Tu me plantais tes ongles dans la peau, tu m’as fait mal…
— Ah, je suis désolée, je faisais un gros cauchemar!
— J’ai bien remarqué… Ce n’est pas la première fois cette nuit en plus…
— Je ne me souviens même plus de mon cauchemar…

Il s’était déjà retourné et rendormi. J’étais couverte d’une mince couche de sueur froide, mais je brûlais. Je me retournai donc de mon côté aussi, me recroquevillant en petite boule encore terrifiée sous mon épais édredon. Je me mis à penser à cent mille à l’heure, m’étourdissant et m’effrayant encore plus. Je gémis et enfouis aussi ma tête sous la couverture. Je reniflai… eh bien. Je pleurais vraiment. Comme dans mon rêve, mon chandail au joli petit minou était trempé de larmes et de sueur froide. Justement, j’ai froid maintenant! Je grelottais sous les couvertures. Je n’avais pas la force – ni le courage — de me retourner et me coller contre Monsieur Jeleveux. De toute manière, je me trouvais assez dégoûtante que je n’avais pas envie de me coller sur lui et lui faire sentir mon corps puant et moite. Bon, puant, je ne sens pas vraiment quand je suis dans tous mes états, mais on ne sent pas une odeur qui est nôtre non plus…

Voilà l’alarme qui sonne pour me réveiller, me dire d’aller me préparer pour cette première journée de retour au travail. Je grogne toutefois et le mets sur « snooze ». Je ne me réveille pas tout de suite, oh non! Le cadrant se mit à sonner une deuxième fois. Puis une troisième. Puis une quatrième… Bon. Je me lève. Je saute dans la douche, car j’ai très froid! Encore froid! Et cette sueur froide me colle encore alors que j’ai pourtant dormi au moins quelques autres heures! Je me rue dans la salle de bain et allume la petite chaufferette pour nous garder au chaud lorsqu’on sort mouillés de la douche. J’allumai l’eau, plaçai mon rideau de douche pour ne pas asperger la salle de bain au complet et, en me réchauffant la main pour mesurer la température de l’eau, je me rappelle que je ne dois pas prendre des douches chaudes sinon mes cheveux vont décolorer… Rapidement, je passai sous l’eau et le savon et le shampoing et le revitalisant pour sortir en trombe et m’enrouler dans mon énorme serviette duveteuse. Je retournai rapidement me changer dans la chambre tout en séchant mes cheveux avec une autre serviette. Monsieur Jeleveux, lui, dormait encore comme un gros bébé. J’essayais de me rappeler mes rêves, mais je ne réussis point… moi qui, pourtant, me souviens toujours de mes rêves avec une clarté inimaginable!!

Les gens ne me reconnaissent pas avec mes beaux cheveux longs mauves, ma belle frange fraîchement coupée, mes nouvelles fringues et mon 10lbs en moins. Je disais un petit coucou gêné à mes amis et le reste devra venir voir de plus près qui est « la petite nouvelle » pour voir que je suis en fait l’employée revenue d’arrêt qui est chez la compagnie depuis au moins deux ans! Toutes les conversations que j’avais avaient un certain je ne sais quoi… Je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus, mais tout ce qu’on disait sonnait une cloche!
— Es-tu prête pour notre rencontre?
J’ai sursauté si brusquement alors qu’on me tapait sur l’épaule que j’en suis tombée de ma chaise. Malheureusement pour moi, je suis mal tombée et me suis fait mal aux poignets. Je me retournai pour voir que tous les employés tout près me regardaient et que Monsieur Jeleveux, pas si loin, s’était levé pour venir s’assurer que tout allait bien. (Oui, oui, nous travaillons ensemble!!) Je me redressai en grimaçant de douleur, tenant mes poignets meurtris. C’était elle. Celle qui rendait mon travail si difficile. Si stressant. Qui me faisait redouter ce fastidieux retour. Je forçai un sourire sur mes petites lèvres roses et hoches de la tête. Elle ouvrit ses minces lèvres tirées pour parler, mais je secouai la tête avec empressement, me dirigeant déjà vers son bureau.
— Non, ça va, tout va bien! Allons-y!

Les gens commençaient à me reconnaître. Ils me pointaient du doigt, curieux, moqueurs et je vis même des regards remplis de pitié ou de colère en me voyant passer entre leurs bureaux pour me diriger vers LE SIEN. Elle m’emboitait le pas et ferma la porte derrière nous. Elle me souhaita la bienvenue au travail, me demanda comment ça allait, si j’étais prête à recommencer à travailler, qu’elle allait être là pour moi tout au long de ce retour progressif fastidieux… Moi je ne faisais que lui montrer un sourire faux, gêné, hochant de la tête une fois de temps en temps. Je n’aimais pas parler avec elle.
— Tu vas être dans la salle Porquépix pour tes formations. Tu n’as besoin de personne, car on va débuter avec de la lecture de ce que tu as manqué ainsi que des petites capsules de formation en ligne. Parfait?
— Ou-Oui Madame Black Witch!
Son ton avait soudainement changé pour un ton vraiment hostile et insistant. Je ne pouvais dire non à ça. C’était bien trop intimidant! Je pris mon sac à main, les papiers qu’elle me tendit et me diriger avec empressement vers la salle de formation dans laquelle j’allais être enfermée pour les sept prochaines heures.

Tout juste avant de débuter ma pause, Monsieur Formateur-en-Continue entra et me salua avec chaleur, me disant qu’il était content de me revoir et si bonne forme! Je rougis, bien sûr, et le remerciai.
— Tu regardes le beau Note 3!
Je me retournai vers mon écran où étaient affichées des nouvelles récentes que je n’avais pas encore eu le temps de lire. Un communiqué annonçant l’arrivée du nouveau téléphone formidable Samsung Galaxy Note 3 éclairait mon écran. Je souris et me tournai vers lui avec enthousiasme.
— Oui, exactement! Je vais me le procurer!
— Ouais, mais j’ai encore le mien à payer… c’est cher… Mes amis, eux, vont se le procurer. Je ne pourrai pas rester derrière avec mon « vieux » téléphone, donc je vais devoir me l’acheter.
Je me mis à rire de bon cœur avec lui, ça me faisait un bien fou! J’arrêtai soudainement de rire en réalisant quelque chose… Monsieur Formateur-en-Continue ne remarqua pas, car sa copine l’appelait de l’autre bord de la porte. Il la laissa entrebâillée. Je réalisais que j’avais rêvé à ce téléphone. Que je le maniais dans mes rêves, que je l’avais acheté.
— Oh, Monsieur Pretty Boy! Tu sais ce que tu devrais faire? Tu devrais l’ignorer pendant une semaine! Parce que là tu lui cours après et elle dit que c’est trop. Fais-lui remarquer comment tu es précieux et arrêtes de lui parler, de la contacter tout court!
La copine de Monsieur Formateur-en-Continue me vit au travers la porte et me sourit.
— Tu es d’accord avec moi, n’est-ce pas?
Oui, elle parlait à moi. La porte s’ouvrit et Monsieur Pretty Boy me vit. Il fut bien surpris de voir à quel point j’avais changé. Moi qui avais les cheveux courts, qui avais les cheveux châtains, qui ne portait que des vêtements simples, me voilà dans un habit chic bleu, ajusté à ma petite taille fine, le chemisier juste assez respectable pour qu’on remarque ma poitrine sans qu’on n’y voie de peau. Je ne pus le regarder, mais je savais qu’il n’en croyait pas de ses yeux. Je souris à celle qui m’avait posé la question et planta mon regard dans le sien pour ne pas qu’on remarque toutes les émotions qui éclataient dans mon cœur.
— Tout à fait d’accord!

Monsieur Pretty Boy avait une fréquentation amoureuse et… ça ne m’affectait pas! En fait, je trouvais cela ironique qu’il soit la pauvre victime recherchant l’attention de l’autre sexe alors que, dans notre cas, c’était moi qui était la petite catin qui tendait la main et qu’on se moquait en ne présentant que le bout des doigts…

Les rêves sont géniaux!!

mercredi 18 septembre 2013

La Mystérieuse Madame Je : Nous devrions tous avoir honte de nous-mêmes.

Nous devrions tous avoir honte de nous-mêmes.
Oui, nous devrions tous avoir honte de nous-mêmes. Honte à toi! Honte à ta mère, honte à ton père, à ta sœur et ton frère! Honte à moi, car oui j’ai honte. J’ai terriblement honte de me savoir un être humain et voir à quel point notre espèce est terrorisante, qu’elle est égoïste et cruelle. Non, nous ne sommes pas tous des racistes, des agresseurs, des violeurs, des menteurs, des lâches et des frustrés. Nous pouvons aussi être des personnes généreuses, de bon cœur, honnêtes, loyales, fières et saines d’esprit. Nous pouvons tous l’être! S’il vous plaît, soyez d’entre eux, je vous en supplie…

Je suis fâchée, je suis épuisée mentalement de ce monde qui tourne autour de la pression sociale, de mensonges politiques et tous ces vices que les Hauts Gradés cachent, contrôlent. Je suis si fâchée ces derniers temps de tous ces gens inertes, de toute cette colère mal guidée, de ces meurtres et ces viols et ces mensonges! Je n’arrive plus à dormir la nuit, car je fuis comme une enfant tous ces…

Je pourrais pleurer toutes les larmes de colère du monde dont cela ne changerait rien. Nous ne sommes PAS petits! Nous ne sommes PAS impuissants! Que pourrait faire un homme, un gouvernement contre une populace entière?! Nous avons du poids, nous avons du cœur, j’en suis convaincue que nous avons tous cette lumière en nous-mêmes! Ou est-ce simplement mon innocence de jeune fille, de catin, simplement mon ignorance d’ignorante, de mouton teint blanc alors que je devrais être multicolore, rebondissante de couleurs vives et bonnes!

Mes larmes mouillent mon oreiller, mes joues, mes vêtements et, finalement, mon clavier. Je n’en peux plus de rester inerte. Je n’en peux plus d’entendre de mauvaises nouvelles des médias contrôlés par de puissants actionnaires. Je n’en peux plus de devoir chercher pour trouver de l’information vraie, de trouver ces quelques personnes qui font réellement un changement positif dans la vie des autres. Assez, c’est assez! Je ne veux plus parler de choses triviales comme la Charte des Valeurs Québécoises. Je n’en peux plus de parler des corps retrouvés près de chez moi, des avions de célébrités écrasés. Je voudrais qu’on mette les vrais drames à la lumière du jour. Je voudrais qu’on parle des diamants de sang, je voudrais qu’on parle de la guerre civile en Syrie avec une opinion vraie et non biaisée, je voudrais qu’on parle de l’indifférence des gouvernements face aux dictatures et à la pauvreté alors qu’ils se cachent derrière des excuses de politique et d’argent, je ne veux plus qu’on cache la vérité sur les pays dont les richesses naturelles sont dérobées par qui s’y met la main, qu’on continue d’ignorer que le génocide au Rwanda a bel et bien existé et qu’il se perpétue au Congo, Congo qui fait face à 125 ans d’emprisonnement moral, du viol de toutes les femmes qui résulte à l’affaiblissement de la société au grand complet. Ils ne peuvent rien. Ils ne peuvent rien, car les grands Pays comme les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne subventionnent les Grands Hommes de ce pays riche, subventionnent leur dictature et, en vérité, aident les violeurs et les agresseurs et les meurtriers alors qu’on profite de leur or, de leurs diamants, de leur cuivre et tous les autres minéraux que nous avons si besoin pour nos cellulaires, nos avions, nos voitures, nos bijoux. OUVREZ-VOUS LES YEUX!!

Non, je ne suis pas une sainte dans cette histoire. J’ai un cellulaire dernier cri, j’ai des bijoux en argent et en or, j’ai une voiture, j’ai tous les luxes que peut me permettre mon salaire moyen; un style de vie que les gens du tiers monde ne savent probablement même pas possible. Je ne suis qu’une jeune femme et je suis riche comme une reine, j’imagine, à leurs yeux. J’ai une famille qui m’aime, qui m’a protégée et chérie, car elle en avait la force, le pouvoir. Ils n’ont pas cette chance. Même des gens dans mon propre pays n’ont pas cette chance et m’envient probablement alors que nous leur crachons dessus, les appelons de « bums » et les jugeons en croyant qu’ils ne s’achètent que de la drogue et de l’alcool avec nos piètres cennes que nous leurs offrons avec dédain et réluctance.

Oui, c’est à force d’anti dépresseurs et de LCN que je suis venue à voir que ma vie n’est pas si noire, qu’elle est vraiment rouge écarlate, brillante et jaune et orange et rose. Une amie sensée a partagé une vidéo d’une demi-heure sur le Congo et leur situation pittoresque. Ça a piqué ma curiosité de poupée délicate au cœur grand comme le monde, brisé et rapiécé. C’était la larme qui a fait déborder le vase. Mon ami m’a dit aujourd’hui d’écrire, car j’ai du talent, qu’il a besoin de mon écriture. J’ai aussi besoin de mon écriture, car c’est ma voix et, en ce moment, là, à quatre heures du matin, c’est tout ce que je pense à faire. Je me sens impuissante, mais je ne veux pas rester dans mon inertie, car je m’en voudrais à mort de fermer les yeux à nouveau, pour toujours et encore. Cela fait des années que j’ai connaissance du malheur au Congo. Je n’étais qu’un bambin quand le génocide du Rwanda a déchiré l’Afrique, je suis adulte alors que je fais face aux guerres en Syrie, en Égypte et tous les autres pays dont je n’ai pas encore connaissance ou que je cache dans mon subconscient comme nous le faisons tous depuis bien trop longtemps. Nous avons la force de faire changer les choses! La population, de son côté, s’attendait à ce que les enfants des Baby-Boomers sortent de leur sédation et changent le monde. Ensuite, avec les médias de plus en plus présents, avec la technologie qui avance de plus en plus vite, on se fie à ma génération — notre génération — pour changer les choses et j’aimerais qu’on se dise que nous sommes capables de changer le monde, car nous pouvons si nous nous unissons! Il ne suffit que de commencer à faire une Bonne Action, au moins une tous les jours! Ce n’est pas si difficile, bordel! Pensez-y! Les réseaux sociaux sont un bon petit exemple, pour commencer. Partageons sur Facebook les articles non biaisés nous informant des atrocités du monde et ouvrons nos yeux, regardons les images d’enfants mourant de faim, des femmes violées, des jeunes adolescentes qui se suicident sur Internet, ouvrons nos yeux sur l’intimidation. C’est une bonne action, oui oui! Twittons des liens vers des articles passionnants, vers des pétitions pour arrêter la vente des animaux dans les petites animaleries du coin, de revendeurs sur des sites de petites annonces qui sortent leurs chiens et leurs chats d’usine où ils forcent les pauvres bêtes à se reproduire comme des lapins jusqu’à leur mort. Prenons des photos sur notre Instagram qui démontrent les violences de tous les jours que nous trouvons malheureusement banales comme un enfant qui se fait pousser dans la cour d’école, une voiture dont un insignifiant écorche la peinture de ses clefs. Prenons des vidéos avec nos iPhone et nos téléphones Android des méfaits, des actes policiers abusant de leur pouvoir de fausse justice, d’un homme dans un autobus qui intimide une pauvre femme voilée devant tout un public silencieuse et HONTEUSE. Affichez cela sur votre compte Youtube avec fierté, donnez-le au canal de nouvelles comme un brave l’a fait même si ledit canal est biaisé. Les gens comme vous et moi vont voir cela et vont changer leur attitude, partager le scandale et sensibiliser les autres!

Soyons honteux, mais fiers! Changeons le monde une BA par jour. Retenons-nous de jeter notre gobelet de plastique de chocolat chaud glacé Second Cup dans la poubelle et cherchons un bac de recyclage à la place. Tenons la porte à la personne derrière nous. Donnez les trente-cinq cents qu’un enfant cherche désespérément dans le fond de ses poches pour acheter ses bonbons. Encourageons les musiciens dans les rues en les écoutant une minute, une petite minute de votre temps. Le temps c’est l’argent, que tout le monde dit, mais cette minute vaut de l’or aux yeux de ces artistes paumés. Disons bonjour aux conducteurs d’autobus en entrant dans le transport en commun, donnons la pomme de notre lunch à un sans-abri sur le bord du trottoir qui ne nous regarde même plus dans les yeux, car il sait que nous sommes mal à l’aise devant une telle pauvreté alors que nous allons nous prendre une latte à la citrouille épicée chez Starbucks.

Je ne vous demande pas de faire un don de 100 dollars si vous n’avez pas cela dans votre budget – mais surtout, ne vous empêchez pas non plus si vous pouvez! — à une cause humanitaire. Je vous demande de commencer par petits pas, une Bonne Action par jour et partagez l’amour que vous avez, car il y a beaucoup plus de monde qui en ont besoin que vous ne pouvez le croire. Moi, j’ai mon blogue, mon écriture, ma voix. Je suis une utilisatrice acharnée de Facebook et, croyez-moi, je vais partager mon texte avec le monde entier. Je vais demander à tous mes amis de le partager sur leur mur, de le twitter, de prendre une photo de leur BA et de mettre le #lien sur leur Instagram ou peu importe où vous voulez. Cherchez des articles encourageant, frôlant l’anarchie si vous voulez sur le thème de « changeons le monde » et de « réagissons », « agissons mieux », « pensons vert », « aidons notre prochain ». Il ne faut pas une religion ou un professeur ou un gourou pour nous dire que de donner va faire sourire quelqu’un et probablement faire sa journée. Regardez Michel Barette qui a sauvé un jeune homme du suicide. Il passait par là en voiture et a fait une sacrée BA en arrêtant et en lui parlant pendant une heure. Regardez Ian Somerhalder qui a sa propre fondation humanitaire. Regardez cette employée du Tim Horton qui vous souhaite « passez une belle journée! » avec un sourire honnête. Ça ne paraît pas toujours, car ils ont un salaire médiocre et des conditions de travail assez serrées, mais ils travaillent fort pour vous servir, vous, Monsieur, Madame tout le monde.


Faites votre Bonne Action. Réussissez votre résolution de l’année. Dites à vos amis que vous les aimez. Ne textez pas au volant. Donnez un câlin à votre chien. Embrassez votre mère. Donnez des fleurs à votre blonde. Moi, je partage sur Facebook après avoir mis ceci sur mon blogue et je souris en repensant aux deux beaux chiens que j’ai marché aujourd’hui à la SPCA. Une petite BA qui m’a même fait plaisir d’accomplir, car ce sont de jolis toutous enjoués que j’aime. Et je vous aime, vous aussi. Oui, je vous aime et j’ai foi en vous. Je sais que si vous avez lu ceci jusqu’ici, vous allez penser à faire votre BA, vous allez – j’espère — passer le mot, partager partout et essayer de changer le monde avec de grands et petits gestes. Je vous aime. Souriez, car j’ai séché mes larmes et vous sourit derrière mon écran.


Un grand MERCI à Monsieur Kitty de m’avoir ouvert les yeux et m’aider de retrouver ma voix.
Un merci spécial à Madame Beddington's pour avoir fait déborder le vase.