dimanche 20 mai 2012

La Mystérieuse Mme Je : Je ne suis pas Mme Je, je suis Mme Barbie.

J'entre dans cet endroit damné. J'entre dans cette ambiance faussement asceptisée pour une sécurité plus que précaire. Je soupire. Je passe plus de temps dans cet effroyable bâtiment que j'en passe derrière un livre ou une console de jeux vidéos. Et tout ce que je veux c'est qu'on m'aide. Évidemment, j'y viens seule. Les gens sont trop occupés pour venir passer de ce temps pitoyable avec moi. Je ne peux leur en vouloir ; je suis souvent égoïste moi-même... même si je ne laisserais jamais un ami aller seul à l'hôpital. Je viendrais au moins voir, prêter un livre ou un petit jeu quelconque. Mais non, les gens de la société d'aujourd'hui sont toujours trop occupée, trop fatigués. Oh, comme je les comprends... sur ce dernier point. Parce que moi, je ne suis jamais occupée. Je suis toujours seule à me chercher des amis qui n'existent pas, qui me croient saine et qui se fichent bien de ma santé mentale en autant que je vienne accompagnée de ce foutu faux sourire que je sais si bien afficher.  Et là, j'attends. J'attends le verdict de ce marteau impitoyable. J'attends qu'il s'abaisse sur mes années à venir, qu'il m'écrase sous son lourd poids d'anxiété et de prescriptions. Mais je le veux... non... j'en ai besoin. Je ne peux plus continuer à vivre dans cet état second de tristesse, de stress, de ne pas être bien. Surtout pas dans ma peau. Je n'en peux plus de douter des sentiments des autres envers moi, car j'ai la pire estime de moi au monde. Je n'en peux plus de ces hauts et ces bas, de cette montagne russe de crise d'anxiété, d'angoisse d'exister. Donc je suis assise sur le bord de la fenêtre pour pouvoit garder un contact superficiel avec le monde extérieur alors que dans ma tête, on me répète "Qu'on m'enferme ! Qu'on m'enferme ! QU'ON M'ENFERME !!". Je n'en peux plus de me sentir comme une voyeure sur ma propre vie, de regarder tous ces délicieux petits vices cachés et être la seule perverse à en profiter. Je veux partager cela avec de voyeurs spécialistes, professionnels. Je veux me faire prendre et me faire regarder sous tous les angles qu'on puisse me dire qui je suis réellement et comment je vais pouvoir m'en sortir, comment je vais pouvoir faire parti de cette société égocentrique et matérialiste.  C'est assez. J'ouvre la porte d'un bon coup de pied bien haut malgré ma taille bien basse. Je défie cette femme, cette rouquine ronde au caractère des champs dans lesquels on se retrouve nichés, sans service. Je claque la porte derrière moi et je me laisse tomber sur la chaise, épuisée déjà par ce peu d'effort.  "Là, là, ça va faire le niaisage ! J'en peux plus d'attendre dans cette caliss de salle faussement silencieuse pour me faire dire qu'on sait pas qui je suis ou n'importe quelle niaiserie du genre et qu'on va me rappeler. Je sais ce que je suis et je sais mauditemen bien que j'ai besoin d'aide. Donc tu vas m'en donner pis ça presse." Comme c'est délicieux de m'imaginer le regard qu'elle me lance, mais je vois noir, donc je ne la regarde pas, je ne la vois pas, la rouquine. Un sanglot m'étouffe et me secoue de tout mon être, secoue les parois de ma cage thoracique avec l'impact d'un camion à ciment dans une forêt dense. Je me mords la lèvre. Je renifle.   "Tu le vois bien que ça va pas ? Non ? Ou j'suis tellement bonne fakeuse que tu le remarques pas toi non plus ? Ça se voit pas dans le fond de mes prunelles bleues -je sais, tu vas dire vertes, mais moi j'aime mieux dire bleues- que je souffre le martyr, que je suis qu'une petite poupée qui demande à se faire rembourrer ? J'essaie de tenir mon rôle, mais une poupée à pas sa place dans un monde de barbie. Toi, t'as ta place. Les Furbies sont encore à la mode, la preuve : ils en refont en juillet. Le mois de ma fête... Mais moi, Madame Furbie, j'suis trop faible pour me transformer. Je peux tout simplement me déguiser en Barbie. Je sais, j'ai pas mon déguisement, là, mais c'est bien pour cette raison que je ne l'ai pas. C'est parce que je VEUX de l'aide. Mon costume de Barbie, Madame Furbie, ne me fait plus. Il est trop serré. Il m'étouffe. Il colle tellement à ma peau que des fois j'ai de la difficulté à m'en séparer et me souvenir qui est la vraie moi. C'est ça le problème. Appellez ça comment vous voulez, testez sur moi tous vos produits si vous voulez ! Moi, j'veux juste me sentir bien, pour une fois. J'veux me sentir femme, pas poupée ou déguisée en Barbie plastique. Je veux me retouver. Je ne veux plus avoir mal... J'aimerais pouvoir aimer comme tout le monde. Autant moi que les gens qui m'entourrent." Une larme chaude coule le long de ma joue alors que j'ouvre les yeux. Je suis assise sur le bord de la fenêtre pour pouvoir répondre au monde extérieur. À moitié. Les gens dans la salle me regardent croche et croient que mes larmes salées et chaude sont contagieuses. Et moi de leur répondre dans la langue universelle : "Depression hurts but it's not HIV."

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