mardi 4 août 2015

La Mystérieuse Mme Je : Intrus

Ces derniers temps, je suis si énervée, je ne me sens pas comme moi-même. Anxieuse. Fatiguée. Paranoïaque. Paranoïaque… C’est triste. Je ne croyais pas que cela pouvait m’arriver. Mais tout peut arriver à tout le monde. Je suis paranoïaque maintenant; merci, nouvelle médication. Je ne sais pas ce que ma psychiatre va faire de cela. Je ne sais pas si elle va la changer. Je ne sais pas. J’avais des pertes de mémoire avant, maintenant je suis naïve et paranoïaque. Je crois tout ce qu’on me dit, même si ce ne sont que des blagues et que, en temps normal, j’en rirais. Maintenant, je prends tout au sérieux. Comme si c’était la vérité absolue. Et c’est mauvais pour ma santé mentale. Quand on me répond « C’est une joke lol » (ouais, beaucoup de gens me répondent de la sorte), je rougis, je bafouille (imaginez bafouiller en clavardant…) et j’ai l’air d’une conne. Oui, d’une conne. C’est comme ça que je me sens. Avec une moyenne en mathématique forte de 87 % et que je me sens conne? Ce n’est pas drôle. Et je viens de commencer cette médication.

Donc le soir, avant de me coucher, j’imagine tout ce que je ferais si je gagnais le gros lot à la loterie pour m’endormir. J’en donnerais 40 % à ma famille, chaque charité que je verrais passer, je donnerais généreusement, je me ferais une grosse maison 5 chambres à coucher, un bar, un gym, un bureau pour, une salle de jeux vidéo, un solarium avec un ara rouge et un corbeau (ou une corneille, je sais pas trop) et toutes sortes de plantes exotiques, une grosse piscine creusée extérieure, un spa extérieur, un garage triple ou quadruple avec des petites portes à l’arrière – individuelles — pour mes petites bêtes (motoneige, quatre roues, etc.), un petit condo à part pour une personne à tout faire qui va prendre soin de mes plantes et faire le ménage et prendre soin de la piscine et tout. Oui, oui, j’ai des goûts dispendieux. C’est faisable avec 50 millions! J’aurais aussi un condo à Habitat 67 que Monsieur Inquiet et sa copine ainsi que Monsieur Pervy McPerv bien sûr. Imaginez, Habitat 67!!

Merde. Je ne me suis pas brossé les dents. Non, mais… j’ai la tête partout! Je passe du coq à l’âne…
Je me lève, je dois aller me brosser les dents. Il fait trop noir, car il est 3h09. Mais je n’allumerai pas les lumières. Je n’ai pas envie de me faire violer les yeux. Je marche, léthargique, engourdie à cause de mon autre médication. Je m’étais couchée à 23h30 en espérant m’endormir rapidement. J’avais même pris des somnifères. Sans résultat. Ma paranoïa s’intensifie alors que je me dirige dans la salle de bain et que je dépose mon cellulaire sur le lavabo. Oui, je traîne mon cellulaire partout avec moi. C’est l’extension de ma main.

Je sens qu’on m’observe. J’entends Monsieur Coco hurler, de colère et de peur. Je me retourne et je vois cette énorme figure entrer dans mon appartement – ma porte d’entrée est juste à côté de ma porte de salle de bain —. Je m’écrie de peur et, n’entendant soudainement plus Coco, ayant la peur de ma vie, je tente de fermer la porte de la salle de bain, mais il est bien trop costaud pour moi, cette armoire à glace. La porte que je tente désespérément de fermer se fait repousser violemment, me faisant tomber à la renverse et me cogner le dos contre le lavabo. J’ai atrocement mal, non seulement physiquement, mais aussi à mon cœur; pauvre Monsieur Coco… puis je l’entendis sortir par la petite porte, parfait! Mais… s’il sort par la porte à chien, c’est que la porte elle-même est fermée. Donc il ne vient pas juste d’entrer, car la porte aurait été ouverte!

Mes pensées sont quand même capables d’être distraites (alertes?) même lorsque je suis attaquée par une forme humaine avec un gros manteau de pluie qui fait le cadre de porte au complet, quand même. Quand même. Je suis pleine d’adrénaline et de colère (je ne sais pas pourquoi je ressens de la colère en plus de ma peur excessive, mais ça m’aide!) et, dans un rugissement pour me donner plus de puissance, je mets mes deux mains devant moi pour le pousser. La forme ne bouge pas et je ressens une douleur viscérale dans la peau entre mon pouce et mon index. Une lame vient de trancher ma peau et j’ai mis toute ma force dans l’élan. Je hurle de douleur, sentant mes genoux fléchir sous la douleur. La seule chose que je pouvais faire était d’appuyer la lame contre mon os – et non un ligament — pour m’assurer que ça ne tranche pas ma main au complet.

Ça y est, bonhomme, tu m’as vraiment mise en colère! Grinçant des dents, je mis mon autre main sur le dos de la main qui tenait l’arme et y planta mes ongles, tournant le poignet de façon pas très naturelle, agrippant la lame de ma main blessée. Ça faisait atrocement mal, mais mon instinct de survie était plus fort que ma douleur. Je réussis à le désarmer – par miracle — et délogea le couteau de ma main, le prenant dans la gauche pour tenter de le poignarder. En silence total, la personne recula. J’ai mis un pied derrière moi pour me donner un élan et vouloir le transpercer violemment, mais, durant mon mouvement, je me suis dit que peut-être qu’il tenait en otage mon père – j’étais en panique totale — sans que le sache, donc je vis sa main se tendre vers mon cou et ce fût l’occasion parfaite pour changer de cible. Mon couteau se planta dans la chair de son bras que je sentis la lame frotter contre l’os. Cela ne l’empêcha pas d’enrouler ses bras autour de moi pour essayer de m’écraser… mais ça ne me faisait pas mal, c’était comme un câlin… et pendant ce temps, je continuais à lacérer son bras, sentant la chaire s’étirer et se détacher de l’os. C’était dégoûtant. Une énorme main vit agripper mon visage, plantant ses doigts dans les extrémités de mon visage. J’essayai de crier, haletant, mais je n’y arrivais pas…

Car j’étais dans mon lit, couverte de sueur froide, haletant, le cœur battant la chamade, ayant la peur de ma vie. Je ne pouvais pas pleurer, car l’émotion était trop forte. Il était… 3h09 du matin. Je me mis à paniquer et faire une crise d’anxiété, n’arrivant plus à penser ni respirer, commençant à faire du bruit dans ma panique. Et c’est cette pensée que le bruit que je faisais pourrait alerter l’énorme personne qui se trouvait peut-être réellement dans mon appartement, qui stoppa net ma crise d’anxiété. Je respirais, mais mon cœur battait si fort que c’était certain qu’on l’entendait. J’avais chaud, mais je ne voulais pas bouger; il me verrait. J’avais cette impression que c’était un homme avec des cheveux longs et gras d’après mon cauchemar. Ses mains étaient énormes et faisaient toute la grandeur de mon visage. Il pleuvait, un orage assez violent même, et il était mouillé dans mon cauchemar. C’était trop réel; mais qu’est-ce qui arrive quand on fait un rêve prémonitoire?

Je n’en pouvais plus. J’allais appeler ma sœur pour me faire réconforter. Si l’homme était bien à l’intérieur, elle pourrait appeler la police, elle connait mon adresse. J’étais super étourdie et engourdie par mes médicaments, donc je voyais à peine mon cellulaire blanc sous la faible lumière du 3h11 qui me fixait avec un air menaçant. C’était horrible. Ma main tâta le lit à côté de moi et le bout de mes doigts toucha finalement la surface lisse de mon téléphone portable. J’entendis un mouvement près de la porte et Monsieur Coco se réveilla en trombe alors que je criais, morte de peur en essayant d’activer la fonction vocale de mon téléphone. Une figure énorme, aussi grosse qu’un cadre de porte s’approchait alors que j’essayais d’appeler chez Mme Mom et Monsieur Dad.
« Call home!!! »
« Who would you like to call? »
C’était toujours comme ça, mon cellulaire ne captait jamais le mot « home » ou presque. La figure se pencha vers moi et un frôlement sur ma cuisse gauche – celle près du mur — me réveilla…

Monsieur Coco s’était fait réveiller par mes mouvements agités durant mon deuxième effroyable cauchemar; une continuité du premier. Il me regardait d’un air inquiet et je le rassurai en passant ma main sur son dos. Il retomba endormi presque aussitôt. Encore une fois terrifiée, cela me prit quelques minutes avant de chercher mon téléphone du bout des doigts et tenter d’envoyer un message texte à ma sœur pour savoir si elle était réveillée, car moi, je l’étais. Éveillée comme en plein jour après un Red Bull. Mais je ne voyais toujours rien; sans mes lunettes en plus. C’était impossible d’envoyer un message texte, je n’arrivais même pas à voir où était passée l’application de messagerie texte. Ma panique refit surface et je cherchais frénétiquement, ne voyant que de grosses taches de couleur. J’aurais dû reconnaître la grosse tache blanche et jaune de mon application, en bas à gauche, mais je n’avais que ce qui semblait être mon Google Chrome, mon application pour faire mes appels et mon Facebook sur ma barre de navigation rapide. J’essayai d’aller sur Facebook puisque je pourrais lui parler là, en privé. Alors que je l’ouvris, il se ferma tout seul et disparu de mon écran… comme s’il s’était désinstallé. Je commençais à avoir les yeux humides, je n’aimais pas ce qui se passait, j’avais encore peur, quelqu’un pouvait sortir de la noirceur et m’attaquer à tout moment et je n’avais aucun moyen de communiquer avec le monde extérieur. Il ne me restait qu’à appeler mon père. J’allais appuyer sur l’application d’appel…

Puis je me réveillai dans mon lit, toujours en sueur et la peur au cœur. J’étais vidée. J’étais certaine que si j’essayais de prendre mon cellulaire, j’allais me réveiller. Je sanglotai silencieusement, toujours certaine que quelqu’un allait surgir de la noirceur et m’agresser.
Puis je me réveillai. Encore. J’en avais assez. Je pris avec détermination mon cellulaire pour appeler mon père.

Puis je me réveillai. Je tentai d’attendre un peu et de prendre une gorgée d’eau, briser le cycle de ces rêves répétitifs, incertaine si je dormais encore ou si j’étais réellement réveillée. Tout était toujours flou. Je ne voyais presque rien et je devais forcer des yeux pour voir l’heure. 3h34. Peut-être étais-je réellement réveillée? J’essayai de prendre mon cellulaire pour envoyer un message texte à mon père – même s’il ne savait pas se servir assez de son téléphone portable pour lire un message texte —…

Puis je me réveillai. Je hurlai de rage, ce qui fit bouger Monsieur Coco dans son sommeil. Il ne daigna même pas se réveiller. Même si je hurlais de rage. Ça me fâchait. Je n’arrivais à rien et lui dormait. C’est beau la vie de…


Puis je me réveillai. J’en avais assez. Je me retournai et fermai les yeux et attendis probablement plus d’une heure ou deux ou mille avant de m’endormir.

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