Vous savez
ce sentiment de perdre toute trace de la réalité ? Cette vague qui nous frappe
et qui amène notre conscient loin, très loin. Comme un instinct de survie.
Comme une poussé de notre subconscient qui nous dit : « Vas, vas vers
un monde meilleur… ou noie-toi dans ce courant de tristesse qui va réduire ton cœur
à néant, ton cœur si fragile et innocent à des cendres de ce que tu as réussi à
recomposer. » Douce mélodie que je me suis donné à cœur joie, que je me
suis créé pour me sauver de cette noyade certaine, de cette mort certaine et
lente, terriblement lente, douloureuse. Agonisante. Cette mort, elle n’est pas
physique. Elle est morale. Psychologique. Mort de l’âme et de l’esprit. Ça me
prend au ventre, comme si je venais d’ingérer plusieurs charbons encore
brûlants. Ma tête me tourne comme si je venais de prendre une grande bouffée d’hélium,
comme si je venais de garder ma respiration pendant un trop long moment. Comme
si je venais de me lever trop vite. Puis je me mets à paniquer, mais mon cœur ne
bat pas plus vite, mon corps ne réagit plus à mes commandes ; mon esprit s’éloigne
vers cet autre monde. Mon corps ne réagit plus pour ne pas subir les dommages
de mon esprit tourmenté par le retour de mon cœur, mon cœur si fragile, pas
encore remis de sa blessure, de son éclat de verre. Il bat toujours, mais pas
sans aide. Pas sans aide de Monsieur Prince, pas sans aide de Madame Sœur, pas
sans aide de Monsieur Gamer. Pas sans aide de tous ceux qui m’entourent et me
supportent. Je ne suis pas bien. Je veux m’en aller, m’envoler dans un pays
lointain où je serai heureuse, ou je n’aurai plus besoin de me convaincre de
rester seule parce que sinon ce serait trop vite, parce que sinon je pourrais
me blesser ou, pire encore, blesser quelqu’un… mais surtout, surtout… parce que
j’ai encore espoir. Je ne veux pas me l’avouer, mais j’ai encore espoir.
Évidemment
que j’ai fait exprès de tout ruiner. C’est mon système d’auto défense. Je fais
exprès pour ruiner l’espoir qui me reste, comme ça je peux décrocher, je peux
laisser place à un autre sentiment que l’amour dans mon cœur, un sentiment tout
aussi puissant : la haine, la colère, le ressentiment. Justement ce que j’ai
fait. Je fais ressortir mon trait de caractère qui rend ma douce moitié la plus
en colère et je l’accentue fois mille. Résultat : affrontement sidéral,
haine des deux côtés, colère effroyable et puis c’est fini. Je m’assurer de
ruiner toute chance possible comme ça je souffre moins. Efficace… sauf que là,
ce l’est moins. Pourquoi ? Parce que j’ai remarqué la faille dans mon système :
je suis au courant que je ne suis pas vraiment en colère, mais que je me force
à l’être. Donc ma colère diminue et les autres sentiments reprennent lentement
le dessus. Le mauvais côté de cette histoire est que non seulement les
sentiments reviennent, mais j’ai aussi mis une personne à mon dos, une personne
que j’affectionne intérieurement et avec laquelle j’aimerais finir heureuse.
Heureuse… voilà un mot que je n’arrive pas tout à fait à saisir. On dirait que
lorsque je suis en compagnie de mes proches, je suis… sereine. Pas heureuse.
Heureuse, c’est lorsque je suis dans les bras de quelqu’un que j’aime. Que J’AIME.
Que je veux avoir un futur avec, que je veux passer tous les instants de ma
journée avec. Que ça me fait de la peine si je suis éloignée, que ça me brise
le cœur de savoir que j’ai peut-être fait un faux pas. Que ça me tue de savoir
que c’est fini… juste à y penser, les larmes remontent même si j’ai pris mes
calmants, mon ventre se noue en une douloureuse contraction alors que je le
comprends : c’est fini. Ma relation est finie. Les faux espoirs, on les
noie sous une couche de fausse haine. Oh, ça me rend malade. Physiquement…
On dit que,
dans ma condition, je ressens tous les sentiments au moins dix fois plus fort
que la normale. Donc lorsque je suis triste, j’ai dix fois plus mal. Lorsque je
suis heureuse, je suis dix fois plus euphorique. Je ne veux pas être un martyr,
c’est tout simplement ma santé mentale qui n’est pas aussi saine que je le
laisse paraître. Je suis malade. Je le sais. Je travaille fort pour avoir un
semblant de normalité ; personne ne veut d’une personne malade dans son
entourage, personne ne veut avoir à supporter un autre à tous les jours, à
devoir endurer mes sautes d’humeur, à devoir me réconforter, me soutenir, m’empêcher
de me blesser. C’est trop… n’est-ce pas Monsieur Pretty Boy ? C’est pour cette
raison que je laisse paraître mes vraies émotions qu’aux gens qui sont
extrêmement près de moi. Comme mon amant, ma famille, mon amie d’enfance, mon
meilleur ami. Parce que je compte sur eux. Parce que ce ne sont qu’eux qui ont
droit à ma vraie personne, à ma personne imparfaite et moins belle. Je ne suis
pas une belle personne à l’intérieur lorsque je ne vais pas bien. C’est pour
cela que je me cloître dans ma chambre, que mon chien se sauve de moi, que je
frappe mon oreiller parce que je suis impuissante, parce que je n’arrive pas à
matérialiser mes émotions tellement elles sont fortes, elles me figent sur
place.
J’ai non
seulement une réception des sentiments beaucoup plus aiguë que la normale, mais
j’ai, en plus, des variations extrêmes dans mes émotions. En gros, si on me
fait chier, je vais répondre dix fois plus violemment et je risque de passer,
en cinq minutes, dans toutes les étapes d’une hausse d’adrénaline : le
sentiment de toute-puissance, la colère, le calme, les larmes et puis le
regret. Et comme le regret est amer… et dure éternellement. Habituellement, les
sentiments que je ressens beaucoup plus vivement sont aussi plus longs à
estomper, mais avec ma deuxième condition, ils peuvent subitement changer, ou s’empiler,
et s’augmenter entre eux. Ce qui donne une pauvre de moi qui a augmenté fois
mille le sentiment de maniaque possessive sur Monsieur Pretty Boy pour qu’il me
déteste. C’était assez facile à faire, en fait. Je peux être maîtresse de ruses
et duperies du genre. Je suis si habituée à porter un masque d’hypocrisie que
je réussi tout cela sans même y penser ; c’est si insidieux que cela.
Je suis
donc prise avec un restant d’amour sur cet homme qui me semblait parfait avec
son sublime physique allant chercher trait par trait tout ce que j’admire chez
un homme ainsi que son caractère plutôt manipulateur qui m’excite sans oublier
le fait qu’il adore les jeux vidéo.
Et me voilà
en train de déblatérer cela. Pourquoi ? Parce que j’ai eu ce sentiment rapide
et vainqueur, tantôt, qui m’a mise dans tous mes états, qui m’a donné une tête
légère et des problèmes d’indigestions. Parce que j’ai vu un onze heures onze and I wished upon a shooting star.
Pathetic, right ?
Mme je
qui t’aime
pour
toujours
et encore…
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