CE TEXTE POURRAIT CHOQUER CERTAINES PERSONNES ET CONTIENT DU CONTENU À CARACTÈRE SEXUEL ET VIOLENT. VIEWER DISCRETION IS ADVISED.
Encore un
pressentiment... J’ouvre tranquillement les yeux, regardant autour de moi,
ahurie de ne pas être confortablement installée dans mon lit. Non, je suis sur
une banquette arrière d’un véhicule récréatif miniature (quatre personnes, je
crois, mais ça ressemble à une mini fourgonnette…),
la tête reposant sur les cuisses de Monsieur Letters. Ce dernier regarde par la
porte arrière, à l’extérieur sombre tandis que le véhicule ralentit. Aussitôt
que je bouge un peu, m’étirant le cou, le dos et les bras tout en poussant un
gémissement fatigué, Monsieur Letters retourne un doux regard à mon intention.
Je lui rends un sourire amoureux tandis qu’il me demande si j’ai bien dormi. Je réponds
que si, ses genoux sont confortables et, comme pour me taquiner, on freine
brusquement et je tombe en bas de mon siège ! Ils rient tous de moi et, en me
relevant, les maudissant en chemin, je fais un sourire en coin aussi,
impossible à cacher. Monsieur Letters et moi sortons par l’arrière tandis que
les autres sortent par les portes à leur côté respectif. Monsieur Dad, un homme
de taille moyenne avec un beau bedon rond, aux cheveux poivre et sel sous son
inlassable chapeau, vêtu d’un polo crème ainsi que des pantalons courts beiges
aux multiples poches nous rejoint rapidement en demandant à sa fille aînée
d’aider sa mère. Je comprends alors que je dois l’aider à sortir nos provisions
et nos sacs pour aller s’installer ; aidée de Monsieur Letters et Monsieur Dad,
nous réussissons à tout prendre –malgré que nous ayons les mains trop pleines !-
et se diriger rapidement, pour ne rien échapper, vers le petit chalet.
L’endroit
est magnifique ; plusieurs petits chalets sont encadrés d’une petite clôture de
bois délimitant leur terrain, le tout entouré de plusieurs chemins de terre.
Chacun a son chalet, son lot et sa table à pique-nique. Nous installons le tout
sur la table, se disant que le chalet ne nous servira à rien pour l’instant ;
nous mourrons tous de faim ! Entrant les sacs autres que la nourriture par la
suite dans le chalet, les déposants à la porte, Monsieur Dad et Monsieur Frère
sont déjà en train de mettre la table ! Madame Sœur et Madame Mom arrivent du
derrière de notre véhicule. Nous sortîmes sandwichs et pots de légumes ! Une salade
accompagne aussi le repas, mais moi, je ne m’intéresse qu’aux sandwichs et aux
légumes ! Je saute sur un sandwich aux œufs et mords dans la moitié coupée à la
diagonale, gobant ainsi le tiers de mon repas ! Les autres mangent avec autant
de fougue puisque nous avons été un long moment sur la route ; de longues heures
nous séparent maintenant de notre domicile. Ce qui ne nous dérange pas du tout
puisqu’une sortie en famille est toujours appréciée ! Le plus étonnant était que
Monsieur Frère nous a accompagnés ! Nous avons dû faire plus de nourriture en
revanche et sommes donc partis plus tard…
C’est le début de la soirée ; environs dix-huit heures. Nous avons déjeuné vers huit
heures. La faim nous tenaillait donc assez pour ne pas qu’on fasse le souper
trop tôt, mais bien très tard puisque nous mangeons notre dîner avec un appétit
digne des pires gloutons ! Je mange quelques sandwichs aux œufs, aux tomates
avec pain grillé, des concombres, des tomates cerises, des céleris, des
carottes miniatures, de la trempette à légumes faite maison par Madame Mom…
Vous voyez l’image ? Je bois même santé en me prenant un bon verre de jus
d’orange ! Nous discutons de tout et rien tout au long de notre repas et puis
Monsieur Frère sors de table en premier. Madame Sœur sors en deuxième
pour rejoindre Monsieur frère dans le chalet, mais elle en ressort presque
aussitôt pour venir parler à Madame Mom. Tandis que je ramasse les restes avec
Monsieur Dad, Monsieur Letters entre. Nous venons de finir de tout nettoyer
–Madame Mom et Madame Sœur sont en pleine discussion joviale- lorsque, tout à
coup, un cri strident déchira la tranquillité de notre paradis. Sans réfléchir, je
m’élance telle une fusée vers la provenance du cri, suivie de Madame Sœur et
Monsieur Dad. Nous arrivons, trois chalets plus loin, devant l’horreur qui a
fait hurler cette pauvre femme ; une horde de… de… de zombis attaquent ! Oui,
oui, je ne mens pas ; ce sont de foutus morts-vivants ! Sachant qu’avec un tel
nombre, nous n’avons aucune chance sans armes nécessaires, je me retourne et
agrippe ma famille par le bras, criant au restant de ma famille au chalet de se
sauver au plus sacrant ! Étant celle qui a le plus d’expérience avec l’outre-monde
–je suis la seule assez geek pour cela dans la famille-, je prends les
commandes : le plus rapidement possible dans le véhicule ; nous devons nous
sauver au plus vite ! Le nombre fait leur force et ils sont un raz-de-marée de
cadavres ambulants ! Madame Sœur prend Madame Mom et les deux gars, dans le
chalet qui m’entendent crier seulement lorsque je suis près, prennent leurs
choses du plus rapidement qu’ils le peuvent. Nous brusquons un peu Madame Mom,
mais avons-nous le choix ? J’aime mieux la savoir inconfortable que morte,
mangée par des morts-vivants qui nous courent après… Ne prenant pas le temps de
ne rien ranger, nous faisons qu’entrer dans le véhicule en lançant nos effets
personnels vers l’arrière où j’ai passé tout le trajet avec Monsieur Letters.
On me
demande ce qui se passe, en détails, lorsque Monsieur Dad part en trombe. Tous
sont attachés sauf moi qui me suis logée entre les bancs avant pour donner des
directives au conducteur. En même temps, je leur explique que nous avons bel et
bien vu des zombis et nous devons nous sauver de ces créatures immondes
puisqu’une morsure pourrait nous infecter… Ce qui ne serait pas tellement
attrayant ! J’explique à Monsieur Frère et Madame Sœur que c’est comme dans le
film "28 Days Later"… Ils ne ressentent ni douleur ni peur donc nous devons nous
assurer qu’ils ne bougent plus du tout avant de relaxer en présence d’un de ces
monstres ! Monsieur Dad manœuvre assez bien et je lui précise que s’il veut en
écraser, qu’il en écrase à l’unité ; s’ils sont en bandes, nous risquons de
rester pris sur le tas de cadavres ou que cela nous ralentisse assez pour qu’ils
nous rattrapent, brisent nos fenêtres et nous gobent tout rond. J’en profite aussi pour préciser de verrouiller les portes…
Soudainement, Monsieur Dad lâche un juron ; normalement, Madame Mom l’aurait rappelé à l’ordre, mais là, elle était BIEN trop terrifiée pour faire quoi que ce soit. Je lui demande ce qu’il y a et il dit qu’on nous rattrape. Je me penche donc derrière, par-dessus Monsieur Frère et ouvre la fenêtre en tournant la manivelle comme une folle furieuse. Je m’étonne qu’elle ne s’est pas retrouvée dans mes mains, détachée de la porte tellement j'y mettais de l'ardeur… Je sors ma tête de la fenêtre grande ouverte et l’entre très rapidement, évitant de justesse une de ces mauvaises créatures. Je la ressors aussitôt, curieuse de savoir comme un mort-vivant peut bien rattraper un véhicule qui voyage à toute allure… Je remarque alors que la chose qui nous suit n’est pas du tout en putréfaction ; elle est en très bel état, même que l’homme est trop séduisant… Trop blême… Ses cheveux noirs mi-longs –aux épaules- coupés de façon mangaesque avec son long manteau de cuir, ses vêtements sombres avec sa longue chaîne pendant à son cou… Ses yeux gris, durs, me fixent. J’entre ma tête en retenant un cri d’horreur et referme la fenêtre avec frénésie.
-Plus vite !
Faut qu’on aille plus vite !
-J’ai la
pédale dans le fond, ça va pas plus vite !
Monsieur
Frère s’excuse à Monsieur Dad et Madame Mom, mais nous devons le faire pour
notre survie ; il prend l’unique patte de table du véhicule récréatif et
l’enlève de la table d'un bon coup sec. L’énorme morceau de métal en main, il se dirige vers
l’arrière et ouvre la porte. Je ne porte plus attention à lui et, curieuse,
ouvre la fenêtre en me penchant maintenant par-dessus Madame Sœur. Je sors ma
tête en m’assurant que je suis en sécurité et l’aperçois… Un autre qui courait
aussi rapidement que l’homme en noir. Lui aussi a la peau très pâle. Trop pâle.
Il est très grand ; environs six pieds et demi. Ses cheveux roux et sa barbe de la
même couleur lui donnent un air de ressemblance à l’acteur qui fait House… Sans
la moustache… Et en roux, bien sûr, avec les joues un peu moins creuses. Il est habillé d’une chemise blanche avec
des rayures qui forment des carreaux (un peu fermier) bleues ouverte sur un débardeur blanc. Il a le même genre de pantalon que Monsieur Dad, sauf en
kaki… Et ses yeux… Ces yeux verts, perçants, terrifiants où on peut voir tout
la malice de cet être mort… Qui me fixent… Et il me sourit ! Il redouble
d’ardeur ! Il veut nous attraper ! Il veut m’attraper ! Cette fois-ci, je ne peux
retenir mon cri et me laisser aller tout en refermant la fenêtre avec encore
plus d’ardeur. J’implore Monsieur Frère à se grouiller et, au moment où je vais
le rejoindre –Monsieur Letters est là aussi, inquiet- le coup est décisif se fait entendre ;
notre remorque se détache de notre véhicule. Monsieur Letters ferme la porte.
Monsieur Frère halète… Monsieur Dad crie un juron…
Sans nous
en rendre compte, Monsieur Frère se retrouve contre le pare-brise et un bel
hématome se forme contre son front. Moi, le banc de Monsieur Dad ralentit ma
chute mais fait atrocement souffrir mon épaule droite ; je crois qu’elle s’est
disloquée… Mon front percute aussi le pare-brise, qui éclate… Monsieur Letters,
lui, le chanceux, s’écrase contre ma poitrine. Il me coupe la respiration et je
perds conscience pour quelques secondes. Monsieur Frère aussi, je crois, car le
choc a été trop sévère contre sa pauvre tête… Je me réveille en premier, les
autres encore trop sous le choc. Je gémis de douleur, Monsieur Letters se déplace,
mais je sais qu’il est trop tard. Mon bras gauche a été coupé par un morceau de
vitre. Madame Mom crie et Madame sœur aussi. Je me retourne rapidement vers
Monsieur Dad, sérieuse.
-Si y’a pas
quelqu’un qui saigne qui se sacrifie pas, on y passe toute.
Je chuchote
un « Je t’aime » à l’adresse de ma famille, embrasse langoureusement Monsieur Letters et sors par
le pare-brise brisé. Nous avons frappé un poteau. Je leurs dis de se sauver, de
ne pas me laisser mourir pour aucune bonne raison. Monsieur Dad, les larmes aux
yeux, gueule à Monsieur Letters, qui essaie de me rejoindre, d'entrer dans le véhicule et d'aider à y entrer Monsieur Frère. Ils se chicanent, mais finissent par partir. Moi, je
n’écoute pas. Je crie, j’ai peur, mais je sais ce que je fais. J’ai laissé le
morceau de métal à ma famille ; ils vont en avoir besoin plus que moi… Des
zombies sont tout près ; trop près… Je me faufile, agile comme jamais, entre
leurs griffes. J’entre dans une maison et ferme la porte. À double tour. Je me
sauve en hurlant dans la première pièce à gauche ; une grosse porte de métal.
J’entends
la fenêtre de la porte avant se briser. J’entends un ricanement noir… Les… ils… ils sont là ! Je claque la porte derrière moi, prise de panique et remarque
qu’elle se verrouille. J’enclenche le mécanisme. Sachant qu’ils pourront t très
bien enfoncer la porte sans difficulté, j’évalue la situation d’un rapide coup d’œil. Je suis
dans un garage. J’ai une armée à mes trousses. Ils veulent tous me tuer. Je
dois tout simplement allouer du temps à ma famille ; ils étaient presque sortis
du camping de toute manière… Juste un peu… Ils sentent mon sang, ils le veulent
tous. Ils veulent ma chair… J'ai laissé une bonne traînée de sang en chemin...
Je suis donc dans un garage ! Un garage double ; la
porte est à ma gauche. C’est assez vide sauf pour les outils partout sur les
murs, des coffres placés stratégiquement… Mais j’entends des pas, des pas lourds et lents dans le couloir.
J’enjambe d’un seul bond le brancard à ma droite et me ramasse entre une
tondeuse qu’on conduit, vous savez, les genre de tracteurs ? Les tondeuses des riches ou de gens avec de gros terrains… Un
coffre à outil, là, à côté ; j’empoigne les premières choses qui me tombent sous la main et m'accroupie au bord de l’élévation pour la porte ; on ne pourra pas me voir là…
J’entends qu’on tourne la poignée. Un grincement sourd. La porte ouvre. Bon, il
vient de briser la serrure ! C’est vilain de briser les biens d’autrui ! Mais, à
quoi je pense, moi ?!
C’est alors
que je remarque la futilité de mon geste ; la porte de garage double est fermée
à l’autre bout et je remarque enfin ce que j’ai comme arme… Que je suis
pathétique… On ne peut plus pathétique ! Même les films d’horreur font mieux ! Ma
main droite tient un tournevis à tête plate ; c’est vrai, ce n’est pas si mal,
ça pénètre assez bien la chair quand on donne un bon coup… Mais je regarde
devant moi, sur le mur opposé et remarque une énorme clampe, une massue, une
tronçonneuse… Et ma main gauche, elle, a la pire arme que je n’ai jamais vue !
Non, c’est vrai, un trombone serait pire… mais bordel, un clou de trois
pouces ?! Je pensais à quoi moi ?! Bien sûr, je n’aurais jamais eu le temps de me
rendre au mur pour prendre une des bonnes armes, mais bon…surtout que mon épaule droite me lancine...
Coup donc, c’est donc bien silencieux, ici ! Je risque un regard vers l’intrus –oui, oui, un seul…- qui est mon beau monsieur en noir ! Il ne sourit pas, mais ses yeux gris sont fixés sur l’énorme porte menant vers l’extérieur ; la seule sortie… Exceptée celle derrière lui, bien sûr ! Il a fermé la porte –qui ne tient plus tellement en place puisqu’elle est un peu tordue…- comme pour me dire que c’est inutile d’essayer… Comme pour m’écœurer et me prouver que je n’ai aucune chance… Dans un grincement atroce –pire que la porte ; oui, oui !- la porte de garage s’ouvre. Il commence à avoir des éclaircis, ce qui explique sûrement la mine un peu moins heureuse du roux. Mais… C’est… Mais, c’est moi qu’Il regarde ! Directement ! Le seul petit bout qui dépasse –mon œil, entre-autres- du petit balcon, il le fixe ! Il ne s’était même pas déplacé rien, n’avait même pas parcouru la salle du regard, non, seulement pour moi qu’il a d’yeux, celui-là ! Et je ne suis même pas flattée ! Prise de panique, je ferais ce que n’importe quel idiot d’un film d’horreur dont son tour est venu ferait ; je m’élance vers la porte double du garage à toute vitesse, prenant mes jambes à mon cou.
J’ai
pourtant fait que quatre ou cinq enjambées que j’entends l’autre beau mec
s’approcher tranquillement –pour un de sa race, bien sûr- vers moi. Criant de
rage et de désespoir, je me retourne et attaque mon assaillant comme un fauve !
Mais oui, comme s’il allait se laisser atteindre par un tournevis lui… surtout brandit par une jeune femme blessée... Il prit
simplement mon poignet, sans forcer, sans exprimer quelconque émotion sur son
visage fermé, il me lève de terre, me retourne dos à lui et dépose ses griffes
acérées contre la peau délicate de mon cou. Mon poignet me fait souffrir le
martyr ; je crois quand même m’être disloquée l’épaule et, maintenant, ce bozo me
soulève par celui-ci… Pas très galant ! Au contact de sa peau glacée et de son
geste brusque, je hurle d’une douleur que je n’avais jamais connue auparavant ;
jamais rien d’aussi cruel et sadique. Jamais rien d’aussi puissant pour me
donner la nausée et me ramener mon dîner aux lèvres ! Pourtant, je le retiens,
mon dîner, et le ravale ; je ne veux pas leur donner plus de satisfaction. J’ai
besoin de préciser que j’ai lâché mes armes sous l’impact de la douleur dans
mes membres ?
Le grand
roux s’approche de moi, ce sourire en coin sadique, cruel et mesquin aux
lèvres. Il rit de moi, le salaud ! Ah, mais, il me déshabille des yeux ! Je ne suis pas touchée du tout ; je suis
dégoûtée ! Je ne me débats pas puisqu’un simple mouvement de n’importe lequel de
mes membres m’envoie une vague de douleur insupportable ; je ne voudrais pas
sombrer dans l’inconscience, tout de même… Pas entourée de ces immondes créatures. M’étonne qu’aucun mort-vivant n’aient
entré… Ils les ont sûrement tous tués… Il se plante là, devant moi, me
regardant de haut, riant de ma position pénible et honteuse. Regarde dans la craque au dessus de mon
débardeur gris, ce qui me fait rougir autant de rage que de honte ! Il inspire
tranquillement et ses yeux sont remplis de désir à force d’inhaler… Il sent le
sang qui coule le long de mon bras droit… Reprenant ses esprits, retrouvant ce
sourire que je déteste déjà, il me fixe.
-Je te
donne le choix ; je te tue ?
Cette
question me désarçonne. Il me laisse le choix ? Seulement une fraction de
secondes plus tard, je comprends… Je me mets à penser à voix haute, me fichant
complètement qu’il entende mes pensées puisqu’au point où j’en suis rendue…
-Donc j’ai
le choix ; soit je dis oui et vous me tuez avec plaisir, buvez mon sang et me
jetez aux poubelles pour que vos p’tits copains viennent jouer avec mon
cadavre… Soit je dis non, mais que je ne vive pas tellement plus ; vous me
transformez comme vous. Je deviens un monstre, ne pourrai plus jamais revoir la
famille pour laquelle je me suis sacrifiée, mais au moins, je serais de votre
force plus tard et pourrai me venger ; ma famille aurait aussi plus de temps si
je prends cette option parce que je ne crois pas que c’est aussi facile que
cela de transformer une jolie jeune demoiselle en vampire, n’est-ce pas ?
Ce sourire
narquois, il me hante. Il me fait presque regretter mes paroles puisque c’est
évident vers quelle réponse je penche… Il me regarde, se moque de moi ! Je ne
sens pas que l’autre ait autant de plaisir… En fait, je ne sens rien de lui.
Son esprit semble aussi mort que son corps ! Le roux semble alors agacé que je
ne réponde pas après quelque secondes et son sourire s’estompe un peu, me
faisant frissonner douloureusement de peur ; je suis certaine que j’ai encore
blêmit, même si je suis déjà pâle !
-Alors ? Oui
ou non ?
Sa voix est
suave, grave et a un certain accent que je ne pourrais pas mettre le doigt
dessus… Avoir été dans une autre situation, j’aurais ADORÉ cette voix ! En
ce moment, par contre, je ne pouvais que la détester et la redouter. Déglutissant avec une
difficulté que je n’avais jamais ressenti auparavant pour avaler ma propre salive, je
prends une grande respiration pour me préparer mentalement à répondre
d’une voix égale. Je ferme les yeux…
-Non, je ne
veux pas…
Je n’ai pas
le temps de finir ma phrase avec le mot « mourir » que d’énormes
crocs douloureux se plantent dans mon cou. Le gars sexy en noir qui me tenait
me lâche et le roux m’enlace de ses énorme bras, presque tendrement. Il est musclé, mais disons que
je me soucis plutôt de cette étrange et TROP douloureuse brûlure dans mon cou.
Et, cette sensation… La sensation de sentir qu’on me vole ma vie à coups de
gorgées… Ses mains glissent dans le bas de mon dos… Agrippent avec
une hargne inimaginable mes pantalons courts et les déchirent aussi facilement que s'il avait déchiré du papier, entraînant mes sous-vêtements dans sa destruction.
D’autres mains enlèvent avec une hâte que j’ai rarement connu le reste de
ce que je porte pour couvrir mes cuisses et mes hanches pour ensuite écarter
mes cuisses… D’autres crocs brûlants se plantent dans ma hanche droite ; ma
bouche s’ouvre grand pour que je crie, mais aucun son n’en sort ; ma gorge est
trop pressée pour émettre un seul son. Je sens les griffes de Monsier Manteau Noir
plonger dans mes cuisses, mon débardeur voler en morceaux parce que le roux n’en
voulait plus… Tout commence à devenir flou… On me relâche et me dirige vers le
sol… Quelqu’un sous moi… J’ai froid, suis-je suis nue ? Je suis couchée… sur
quelqu’un ? Le roux… Au dessus de moi… Je saigne… J’ai mal… Douleur aiguë au
bas-ventre, au derrière, en même temps. Je sens un râle monter dans ma gorge ;
un râle mouillé, gargouillant de sang… Une brûlure sur un sein… Une autre sur
mon épaule droite… Des mouvements répétitifs… Puis tout devient trop flou, je
ne… me souviens… pas…
***
Je me
réveille d’un seul coup. Bang ! Les yeux grands ouverts ! Je me redresse, assise,
raide comme une barre. Pourtant, je ne ressens pas mes muscles forcer. Je ne
ressens pas la fatigue qui, normalement, m’aurait assaillit en me levant. J’essaie
de me rappeler… Oui, la veille j’ai été… Transformée en vampire… Mais… Mais !
Ils m’ont violée ! Oui ! Pendant qu’ils me mordaient ! C’est flou, mais je sais
très bien que… J’ai des pantalons courts gris, j’en détache le bouton et
descend la braguette. Je me touche l’entre-jambe… Tout est là… Aucune marque…
Je ne suis même pas humide… Mon sous-vêtement fin n’a aucune marque de sang et
n’est pas humide non plus. Bizarre… Ça fait peut-être longtemps que je suis
ici, couchée dans cette pièce… Cette pièce qui ressemble à une salle d’asile.
Les murs et les planchers rembourrés, la
couleur jaunâtre et sale de la pièce qui est pourtant propre, mais très vieille,
j’imagine. Le lit simple, en vieux métal qui grince au moindre de mes
mouvements… Quel mouvement ? J’en fais aucun depuis que je me suis levée, assise
droite ! Justement, je ne respire même pas ! Il y a une fenêtre dans la petite
pièce où je suis sur le mur à ma droite où mon lit est accoté. C’est une vitre
teintée ; je ne vois pas de l’autre côté, mais eux, j’en suis certaine, me
voient très bien. Un petit bureau en bois, vieux aussi, avec une vieille chaise
ronde pliante en métal peint blanc sur le mur de gauche. C’est tout très laid.
Même la porte, dans le fond à gauche, est laide. Elle est normale, mais avec ma
nouvelle vision, tout ceci est trop vieux, usé -pour je ne veux point savoir quelle raison-
et moche.
Je me lève
pour voir comment on se sent, maintenant vampire, et remarque que je ne sens
aucun muscle forcer, jamais… J’ai une sorte de sensation bizarre que je ne
saurais décrire… Mais ça me déchire. Si j’avais à respirer, j’halèterais… Je
n’ai ni chaud ni froid. Je touche le bureau qui est beaucoup plus rugueux qu’il
ne lui est normalement permis. Je vois, je sens, je ressens… Tout. Tous mes
sens sont beaucoup plus développés. C’en est déroutant. Pendant que je me
fascine à frotter le bureau trop rugueux sans me faire mal, la porte s’ouvre.
Une femme austère entre ; complet caca d’oie de grand-mère et un gilet, en
dessous, d’un rose affreux… Vraiment matante, la femme… Mais son regard sévère,
ses cheveux blonds noués en toque derrière sa tête tellement serrés que même
avec mes yeux de vampires, je ne peux en voir un seul dépasser, ses minces
lunettes carrées… Si elle n’avait pas été aussi mal habillée, elle pourrait
faire une TRÈS bonne secrétaire cochonne… Elle farfouille dans un porte
document et ne me regarde même pas. Elle me dit quelque chose que je ne saisis
pas trop comme : « Bon, nous allons voir comment vous prenez la
visite. » ou quelque chose du genre… Une personne normale, dans une
situation normale, dans un corps normal n’aurait jamais réagi comme moi… J’ai
figé sur place et, tandis qu’elle tournait les talons et sortait, je restais
figée. Même un bon vingt minutes après qu’elle soit sortie, je ne bougeais
toujours pas, terrifiée de savoir ce qu’elle voulait dire…
J’avais
donc raison d’être autant terrifiée… Monsieur Inquiet entre dans la pièce,
tranquillement, et ferme la porte derrière lui. Moi, mes ongles se plantent
dans le bureau comme s’ils plongeaient dans du fromage. Cette odeur… Ce pouls…
Cette brûlure insoutenable dans toutes mes veines, tous mes artères ; TOUS MES
VAISSEAUX SANGUINS ÉCLANTENT, BRÛLENT ! Je n’ai qu’une envie ; sauter sur ce
pauvre jeune homme inoffensif et lui ouvrir le torse de mes propres mains pour
planter mes crocs naissants, venant piquer mes lèvres, dans son cœur encore
battant. Mais je ne le fais pas. Jamais je ne ferai cela à Monsieur Inquiet.
Même si ma vie en dépendait… Comme en ce moment. Tandis que tout cela se passe,
il se retourne vers moi et s’arrête pendant un court instant. Étant maintenant
immortelle, le temps passe vraiment plus lentement ; surtout que j’ai une soif
sans fond… Que je veux boire sa vie… NON ! REVENONS À NOTRE AVENTURE ! Pendant
qu’il s’arrête, je l’étudie. Il est habillé normalement, rien n’a changée dans
son apparence… Sauf ses yeux. Ses prunelles noisette presque noires qui me
fixent d’un air vide sont remplies d’un chagrin sans limite… Comme si son
regard m’implorait de lui pardonner… Lui pardonner quoi ?
Il fait un
pas vers moi ; mais il est fou ou quoi ?! J’vais lui arracher la jugulaire de mes
dents pointues s'il continue ! Pendant qu’il fait son premier pas, il ne l’a pas encore déposé
au sol que j’ai déjà atterri plus loin derrière moi, en position d’attaque,
griffes devant, son strident sortant des mes lèvres pincées contres mes crocs.
Je suis alors en position d’attaque ? Ça bien l’air même si ce n’était pas
voulu… Lentement, il fait un deuxième pas ; moi un deuxième bond vers l’arrière.
C’est alors que je remarque quelque chose ; son sang ne sent pas quelque chose
de normal. Je ne sais pas ce que c’est exactement supposé sentir, mais je sais
que ce n’est pas cette odeur ! Ça sent moins bon… Tout entre en ordre, dans ma
tête.
-Ils t’ont
drogué, c’est ça ?
Monsieur
Inquiet semble lutter contre les effets de la drogue, ses genoux fléchissent,
son pas le fait presque tomber, mais il se reprend. Son visage auparavant
inexpressif exprime un bref instant de la tristesse à l’état pur. Il acquiesce
avec difficulté et puis s’arrête. Prend trois inspirations/expirations
difficiles. Semble sur le point de perdre le contrôle, mais je l’interromps.
-Qu’est-ce
qu’elle fait la drogue, mon pauvre ?
Il déglutit
avec difficulté, ouvre la bouche, mais aucun son n’en sort. Fais un autre pas.
Je suis maintenant dos au mur…
-Elle me
fait te vouloir.
Autre pas
rapide. Je me jette dans le coin, stressée. NON ! N’approche pas ! J’ai le goût de
lui hurler, de le repousser, mais j’en suis incapable ; que je fasse un
mouvement de plus, je lui saute dessus. Je le déchiquette en milles morceaux et
bois tout son sang. Il est maintenant devant moi. Je me suis penchée, accroupie comme une bête sur le bord de se ruer dans le vide. Il me
regarde de haut. Son visage est inexpressif. Il me prend tranquillement
derrière les bras et je n’ai pas la force de résister. Tranquillement, il
recule et m’attire… Il m’attire… Vers le lit. Il me retourne et je m’enfarge
contre le lit. Je n’ai aucun réflexe pour retenir ma chute ; je ne veux pas
bouger pour ne pas le tuer… Mes pieds sont contre le sol, mes genoux pliés et
je suis couchée sur le bord du lit. Monsieur Inquiet grimpe par-dessus moi et,
une larme perlant de son œil à ma joue, il se penche… Non, non, NON ! Pas mon
point faible ! Un bisou dans le cou, passionné…
***
Je me
réveille en criant, droite dans mon lit. MON lit. Cette fois-ci, je les sens,
mes muscles. Ils forcent pour me garder dans cette position assise tandis que
j’enroule mes propres bras autour de mon corps tremblant, couvert d’une légère
couche de sueur froide. Je me mets à pleurer à chaudes larmes et t’appelles.
Toi. Celui à qui je vais toujours parler. Même si je dois devenir un vampire.
Même si tu dois me violer parce que tu es drogué. Même si je dois me retenir de
te tuer à tout bout de champ. Même si… Même si…
-Allô ?
Cela fait un moment que j'ai fait ce rêve, mais il hante toujours mon esprit comme un parasite. Pourquoi ? Parce que, comme vous l'avez peut-être lu il y a quelques jours, j'ai fait un autre cauchemar avec ce roux. Je suis traumatisée. Je ne veux rien savoir de cet homme. On dit que notre subconscient est assez fort pour garder en quelque part tous les physionomies des gens que nous croisons tous les jours sans toutefois y jeter trop d'attention. Qu'on ne créé jamais de personnages dans nos rêves... physiques du moins. Je n'y crois pas, personnellement, car si je croise un jour cet homme... je me mets en position fœtale et je souhaite que tout se termine rapidement, qu'il ne joue pas trop avec moi. Cela fait bientôt trois ans et je me souviens de tous les détails de ce rêve comme si c'était hier. Ne vous inquiétez pas, je ne bois pas de sang et je peux très bien me promener à la lumière du jour. Mon cœur bat toujours.
Mme Je.
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