Ce soir
était une soirée fantastique. Journée épuisante, certes, mais tout de même
extraordinaire. Pourquoi ? Car je suis entourée des plus belles personnes. Elles
emplissent mon cœur de bonheur, me font respirer la vie à pleines narines, me font
voir toutes les couleurs que mon cerveau peut enregistrer. J’ai une très belle
vie, une très belle famille, de très beaux amis et de très belles personnes trop
spéciales à mes yeux pour les décrire…
Et pourtant,
me voilà à vouloir verser toutes les larmes de mon corps, à vouloir vomir des
mots qui ne me viennent pas, à vouloir faire jaillir ces cris mortels,
silencieux, qui hantent mon esprit. Me voilà à me retrouver face à Mme Elle, à
me faire dire toutes mes quatre vérités, à me faire psychanalyser alors que je
ne suis qu’une. À me faire dire toutes ces mensonges, ces dures vérités qui me
sont cachées par ma facette innocente et pure, cette facette que tous
connaissent. Que je cache. Dont j’ai honte, car ce n’est qu’hypocrisie. Because I am that kind of manipulative bitch,
this girl I hate so much and want to see in the dirt, that is so much hated by
society. Je suis cette
fille qu’on dit salope, qu’on dit menteuse. Cette fille marquée par la société
d’aujourd’hui et pourtant répandue dans toutes les âmes féminines de ce temps
perdu. Mme Elle me rappelle cette triste réalité, me fait remarquer à quel
point j’ai besoin d’attention –même si je le savais déjà- et me dit sans cesse
que je devrais cesser de faire croire aux autres que je suis moi et non elle. Because I am that crazy skank, that attention
whore, that mean little girl. Oui, je ne suis qu’une petite fille. Je ne suis que cette petite fille
maigre, aux longs cheveux noirs, raides, au toupet carré, au visage rond, au
corps maladif, à la peau pâle et matte. Intérieurement, du moins. On voit mon anorexie
dans mes genoux. Pourquoi n’ai-je jamais faim ? Suis-je subconsciemment malade
à m’en faire oublier de ressentir la faim, de vouloir maigrir à ce point, de
vouloir être cette poupée plastique que tous disent ne pas rêver, mais dont la
société nous mène à penser que c’est l’incarnation même de la beauté d’aujourd’hui
?
Je crois
bien que oui, malheureusement. Je crois que ce n’est pas le seul de mes soucis.
Non… Je suis si malade, so sick,
so disgusting. Because I am not PERFECT. Because I should be PERFECT. Because I
want to be PERFECT. Mais
on m’a élevée autrement. On m’a élevée comme une petite poupée qui doit tout
subir, qui doit aimer souffrir, qui doit sourire lorsqu’on ne le demande pas et
qui ne doit pas mourir. Surtout pas. Que mentir, souffrir. Montrer que tout va
bien.
Et
pourtant, tout va bien. Mais je ne le veux pas. Because I’m a twisted fuck. I want to suffer because I like it. I like
to be treated as if I was just a worthless piece of shit. I want to be low,
lower than a snake can go. I want to be down and dirty. Je veux laisser ces larmes invisibles
couler, se mêler au sang qui ne cesse de couler, que j’aimerais voir gicler et
se mélanger à mes tripes qui ne cessent de grouiller dans mon fort intérieur.
Je veux être cette fille, celle qui prend la place des autres, celle qui se
fait battre par son mari, celle qui se fait violer par son père, celle qui
combat le cancer à la place de sa mère. Parce qu’elles méritent toutes mieux
que moi. J’ai tout pour jouir de la vie et je n’en veux pas. Depuis des années,
je m’efforce de voir la lumière alors que je ne veux que voir la noirceur.
Alors hop les Advils. Une pilule, une petite granule, une Advil, mille milligrammes.
Y’a rien de mieux mon vieux que de se faire du mal-euh.
Oui. Je
veux éviter cette réalité, celle de Mme Elle, celle avec Mr Pretty Boy puisque
c’est si heureux, si beau. Comme des petits papillons. Las mariposas. Die
Schmetterling. Ma vie est trop belle pour ce que je veux, mon emploi trop
payant pour ce que je fais. Je ne mérite rien de tout cela, car je vais finir
par tout bousiller tout simplement parce que je vais rechercher à me faire du
mal. Je vais rechercher cette lame si chère à moi qui a tant labouré ma chair
pendant mon adolescence. Oui, exactement. Ces cicatrices ne sont pas des
petites marques de griffes des quatre chiens, non… ce sont les marques de cette
pute maladive, bipolaire, dépressive. Que de mots tristes, n’est-ce pas ? C’est
ce que j’aime. L’attention est ce que je recherche dans le fond. Je parais
comme une petite fille bien normale, joviale, bien gentille. Je suis gênée
parce que je suis incertaine. Parce que je ne crois pas en ma beauté, en mes 34
D, en mes capacités à manipuler. Je pourrais tout avoir en claquant des doigts,
je sais, j’ai déjà essayé de manipuler les gens dans mon plus jeune temps. Ça
fonctionnait. On me le reprochait. Donc j’ai découvert que je n’étais pas aussi
géniale que je le croyais. Puis j’ai remarqué quelle personne exécrable j’étais
devenue. Puis je me suis mise à me redouter. À me cacher derrière cette façade
de douce MOI. Because I’m that kind of
girl. The one boy all say they
would be if they had boobs and a vagina.
PS : I love you.
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